Benoît Peyre habite en Corrèze et a une passion depuis l’enfance par tout ce qui a trait aux champignons. En 2003, il décide de s’y consacrer à plein temps. Sa mission : Découvrir et faire découvrir au plus grand nombre l’immense richesse du règne fongique.

 

  • Comment est née votre passion?

Depuis l’âge d’un an et demi, je cherche les champignons. C’était d’abord l’été à la campagne, puis durant mes années de scoutisme. Une fois adulte, les journées de cueillette des champignons étaient mes parenthèses « vacances » dans mon activité professionnelle d’agent d’assurances.  En 20 ans, j’ai emmené des centaines d’amis ou de connaissances pour leur faire découvrir cet univers fabuleux. Une fois arrêté ce premier métier, je me suis tout naturellement dirigé vers les champignons pour ma deuxième vie professionnelle.

 

  • Vous êtes auteur de 17 livres sur les champignons. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre métier d’écrivain ?

En 2004, j’ai écrit un roman (où les champignons sont présents, bien sûr), puis, j’ai conjugué ma passion de la photo de champignons avec les livres. Il y a plein de façon d’aborder la thématique « champi ». La cueillette et/ou la cuisine, bien sûr, mais aussi la poésie, la photographie. On peut aborder les formes, les couleurs, l’aventure de la cueillette… Voilà pourquoi j’en suis à 17 ouvrages !

 

  • L’un de vos livres, À la poursuite des morilles de feu, raconte votre voyage en Colombie Britannique au Canada où vous avez ramassé des morilles près des volcans. Pourquoi aller au Canada ? Avez-vous d’autre projet d’aventure ?

En 2009, j’étais responsable de l’économie du champignon dans mon département de la Corrèze. Lors d’un colloque sur les produits forestier non ligneux, j’ai été convié à conter mon expérience au Québec, pays jeune quant à l’intérêt porté à la fonge. Là, j’ai rencontré des chercheurs de morilles de feu. Cela m’a passionné et j’ai voulu raconter aux Français cette cueillette très particulière, où dangers et surprises sont présents partout ! D’où mon voyage au milieu des ours et des morilles quelques années plus tard.
*Les champignons peuvent être utilisés dans pleins de domaines différents, notamment dans la restauration, la cosmétique et le textile pour teindre. NDL

 

Photo Benoît Peyre, Cèpes de Bordeaux

 

  • Un des chapitre de votre nouveau livre met le doigt sur les similitudes de formes entre volcans et champignons, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Oui ! Dans ce livre, j’ai souhaité faire voir les ressemblances amusantes qui existent entre les champignons et tout ce qu’on trouve sur terre (et dans le ciel). Ainsi, on retrouve des formes évocatrices dans les nuages, les rochers, les glaciers…. et même dans les éruptions volcaniques. J’avoue que l’aide des adhérents de LAVE m’a été précieuse, car il n’est pas simple de retrouver des paréidolies « champi » au sommet ou sur les versants des volcans. Mais, pour peu que l’on cherche parmi des milliers de photos, on y arrive !

 

  • Vous êtes chargé de mission « champignons » dans votre département de Corrèze. En quoi consistent vos missions ?

Cette mission n’a duré que de 2009 à 2011. Depuis cette date, je me consacre à 100% à l’écriture et la photo de champignons, la réalisation, la publication et la diffusion de mes ouvrages.

 

  • Vous êtes également membre de LAVE, quel lien faites-vous entre votre passion pour les champignons et les volcans ?

Je ne suis pas membre de LAVE, juste quelqu’un de curieux qui est venu frapper à la porte de l’association pour le livre « En forme de champignon ». Et là, j’ai eu le plaisir de partager à maintes reprises avec Sylvie Chéreau,  qui, admirablement, a fait le lien entre certains membres de LAVE et moi-même pour dénicher les photos qui pouvaient m’intéresser. Le résultat du livre, me plaît énormément et j’espère que les lecteurs apprécieront à leur tour !

 

  • Quels sont les projets à venir ?

Le métier d’auto-éditeur est très prenant, trop même. Des idées, j’en ai encore beaucoup, mais je pense que je n’écrirai qu’un ou deux nouveaux livres. Ils sont sur le feu – mais pas celui des volcans ! Le mystère reste entier !

 

  • Avez-vous un champignon et un volcan préféré ?

Mon champignon préféré est peu connu. Il s’agit du meunier ou Clitopilus prunulus. Excellent, très digeste, il surprend toujours positivement les invités. Mais comme souvent, il faut rester vigilant et apprendre à bien le connaître : il existe des clitocybes blancs qui lui ressemblent. La curiosité ne doit pas mener au drame; seulement à l’excellence de ce qui nous entoure !

Quant aux volcans, j’ai un faible pour le Krakatoa, dont on m’a parlé jadis, lors de mes études de géographie. Il passionne toujours autant.

 

Photo Benoît Peyre, Amanites des Césars

 

Contact :

champipassion contact

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livres champignons

 

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Lors d’un  voyage en Islande en juillet 2021, le volcanologue Jacques-Marie Bardinzteff et le gérant de 80 Jours Voyages, Sylvain Chermette ont été interviewé par Samuel Turpin.

Vous pouvez retrouver ces deux interviews avec celle de la géophysicienne islandaise Guðfinna Aðalgeirsdóttir dans  l’émission Prise de Terre diffusé par la RTS.

Ecoutez l’émission Prise de Terre

 

Glacier Kverkjoll

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Anne Fornier est la fondatrice de La Fondation Volcano Active, une fondation internationale à but non-lucratif dont l’objectif principal est de soutenir la recherche scientifique, le développement et la diffusion des résultats sur l’activité des volcans, leurs risques à l’échelle mondiale, l’atténuation des risques volcaniques et le soutien à l’accroissement de leurs connaissances par le biais de projets sociaux.

Elle est aussi membre fondateur de la coopérative The End, dont l’objectif est la diffusion et la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies dans les PME et les organismes officiels.

Née en 1978, (Annecy Haute-Savoie France), Anne est une humaniste, géographe et spécialiste en gestion des risques. Elle est engagée sur les problématiques de résilience en terres volcaniques.

Elle a une maîtrise en recherche en géographie physique et analyse des risques volcaniques sous la Direction de Gérard Mottet, Directeur du Laboratoire de Géographie Physique Université Jean-Moulin Lyon III et sous la direction du climatologue Marcel Leroux, directeur du Laboratoire de Climatologie, Risques et Environnement, Théorie sur la dynamique du temps et du climat, AMP, à l’Université Jean-Moulin, Lyon III.

 

  • Comment est né votre intérêt pour les volcans ?

J’ai rencontré Haroun Tazieff à mes six ans, lors d’une conférence « connaissance du monde ». Je me souviens de son charisme et de ma fascination pour le documentaire.

Ma vocation est née par un concours de circonstance. Après mon baccalauréat et une enfance compliquée, mon avenir était flou. Je me suis inscrite à l’université pour bénéficier des droits étudiants, car je n’avais pas de recours financier. J’ai choisi une filière peu connue pour avoir de la place. Je suis arrivée en retard à mon premier cours, je me suis donc assise au premier rang de l’amphithéâtre. Après  trois heures de géomorphologie (dans lequel je n’ai rien compris,  j’ai même  écrit le cours en phonétique), j’ai été fascinée et j’ai décidé que je comprendrai.

Ensuite, pour mes 20 ans, je vivais ma première éruption au Piton de la Fournaise, puis avec les années, je suis entrée chez Terra Incognita (une agence de voyage aujourd’hui disparue, NDLR) pour travailler à l’agence puis aussi comme guide.

 

  • Après 20 ans sur le terrain, vous avez décidé de créer cette fondation, qu’est-ce qui vous a poussé à créer Volcano Active Foundation ?

Tout d’abord pendant huit ans, j’ai vécu en Savoie dans un petit village pour élever mes enfants, puis je me suis retrouvée seule avec mes trois enfants sur Barcelone. J’ai décidé de vivre selon mes valeurs et mes engagements. Il y a vingt ans, j’ai créé une ONG avec deux amis, Patrice Huet (actuellement Directeur scientifique du Musée du Volcan de la Réunion) et Sylvain Todman. C’est donc tout naturellement que j’ai repris ce chemin dans les zones volcaniques. Nous sommes face à des aléas inévitables, mais qui peuvent être atténués en travaillant la résilience des écosystèmes, la vulnérabilité des peuples, la justice sociale, l’éducation dans leur vie quotidienne.

Je me trouve souvent confrontée à dénoncer les mauvaises pratiques des États, des multinationales, des narcotrafics, des pressions, et même des manipulations de certains scientifiques.

Des peuples sont voués à une précarité par manque de formation sur les risques volcaniques. Les maisons, les routes, sont construites de façon rapide et accentuent les risques et désastres, les eaux sont les premières à être contaminées par les cendres ou les émanations en gaz.

Des solutions concrètes existent comme travailler sur les facteurs de vulnérabilité comme la pauvreté, l’éducation, les plans d’urbanisation et de construction, pour réduire les désastres en terre volcanique.

 

 

  • Pouvez-vous nous en dire plus sur la Volcano Active ?

La Fondation Volcano Active est une fondation à but non-lucratif dont les objectifs principaux sont de soutenir la recherche scientifique, le développement et la diffusion des résultats sur l’activité des volcans et leurs risques à l’échelle mondiale, l’atténuation des risques volcaniques et le soutien à l’accroissement des connaissances par le biais de projets sociaux. Elle a vu le jour début 2019. J’en suis la fondatrice.

L’objectif de la fondation est d’accroître la résilience des habitants et des écosystèmes des zones volcaniques avec un accent particulier sur les femmes et les enfants. Non seulement face aux catastrophes inévitables, mais aussi dans leur vie quotidienne avec les émissions de gaz, la contamination des aquifères et les maladies typiques des zones volcaniques.

Il existe plus de 1 500 volcans actifs dans le monde affectant directement plus de 500 millions d’habitants de ces zones volcaniques.

Nos objectifs s’articulent donc sur les piliers de la mitigation, de l’éducation et la divulgation.

 

MITIGATON

Former du personnel local qualifié et lui fournir les moyens techniques pour contrôler l’activité volcanique sur le terrain. Former la population à l’évacuation en cas de catastrophe.

 

ÉDUCATION // ÉCOLE DU VOLCAN

Créer et développer des programmes qui améliorent la connaissance des volcans, de leurs risques et travailler sur la prise de conscience de notre environnement.

L’objectif est de sensibiliser les enfants des régions volcaniques, à la volcanologie et à ses risques, en faisant des enfants une référence pour transmettre les valeurs et la protection de ce phénomène géologique et social si étroitement lié à la planète et à l’environnement.

 

DIVULGATION

Faire connaître les conditions de vie et l’état réel des volcans, tant par des études scientifiques que par des articles destinés au grand public.

 

 

  • Quels sont les principaux risques volcaniques connus et les moyens disponibles pour protéger les populations ?

Le travail est immense et rarement modélisable d’une zone à l’autre, chaque volcan est unique. La liste des dangers est longue.  Il s’agit de mettre en place une identification des dangers pour une gestion des risques de catastrophes par zone et par volcan.

Dans notre subconscient, les dangers de la nature semblent inévitables, catastrophiques. Mais les catastrophes ne sont pas naturelles, elles sont socialement construites, par manque de préparation, de prévention, d’atténuation, d’éducation et de suivi. Ce que nous avons, ce sont des menaces ou des dangers de la nature qui affectent les sociétés vulnérables.

Nous devons réduire la vulnérabilité sociale et structurelle pour rendre nos sociétés plus résilientes !

Pour donner un exemple de type de risque auquel on ne pense pas souvent :

Les éruptions sous-marines présentent des caractéristiques différentes en termes de gestion des risques par rapport aux éruptions produites sur la terre ferme. Il existe environ 70 000 km de dorsale océaniques sans données précises. Quels sont les risques et comment devons-nous les appréhender ?

Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes de surveillance de l’activité volcanique dans la mer afin d’établir son éventuel danger pour les personnes et les biens, ainsi que des restrictions nécessaires au trafic maritime (sous-marins, etc..).

 

  • Vous parliez dans un article, du Campi Flegrei, un volcan caché sous la ville de Naples. Y a-t-il d’autres zones de risques volcaniques que l’on ne soupçonne pas ?

Il existe un phénomène volcanique rarement évoqué par son manque de recherche et sa situation géographique éloignée des plus dévastateurs : les éruptions limniques ou le dégazage brutal de dioxyde de carbone d’un lac volcanique.

Il existe 3 lacs au monde dont on parle d’éruption limnique : Il s’agit du lac NYOS (Cameroun), MONOUN (Cameroun), et KIVU (RDC-Rwanda).

Dans la nuit du 21 août 1986 vers 21h, se produit l’une des catastrophes naturelles des plus importantes de cette décennie : un nuage de dioxyde de carbone mortel libéré par le lac Nyos tuant plus de 1700 personnes et des milliers de têtes de bétail.

Le lac Nyos est un lac formé sur le flanc d’un volcan. Le magma situé sous le lac produit du dioxyde de carbone qui s’accumule dans les eaux profondes du lac. Le dioxyde de carbone est un gaz qui se dissout dans l’eau, surtout s’il est soumis à beaucoup de pression. Les 200 mètres de profondeur du Nyos supposent assez de pression pour dissoudre le gaz dans l’eau.

La libération soudaine du gaz due à un simple glissement de terrain, une explosion volcanique, un mouvement sismique, ou à une saturation des eaux en gaz changent la composition des données de rétention, les gaz remontant à la surface sous forme d’explosion.

Le dioxyde de carbone est plus lourd que l’air, incolore et inodore. Il s’est réparti comme un nuage invisible à travers collines et forêts, en tuant tous les animaux et les humains sur son chemin simplement en les empêchant de respirer de l’oxygène.

Les conséquences du lac Nyos nous interpellent sur l’ampleur d’une future catastrophe concernant le lac Kivu.

Il est situé à la frontière entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. Il partage plusieurs caractéristiques avec le lac Nyos. Le lac Kivu a une profondeur de près de cinq cents mètres et une superficie de 2 700 km 2, presque 1 300 fois plus grand que le Nyos et des milliers de fois plus volumineux. Autour du lac Nyos, il n’y avait que quelques milliers de personnes. Autour du lac Kivu, vivent plus de deux millions d’êtres humains des deux côtés de la frontière. Il est facile de comprendre pourquoi le lac Kivu mérite le titre de lac le plus dangereux du monde. Une explosion sur le lac Kivu provoquerait une catastrophe presque sans précédent en termes de mortalité.

Le lac Kivu contient 300 fois plus de concentration de dioxyde de carbone que le lac Nyos et de surcroît contient un autre gaz le méthane. Le gaz méthane est produit par deux procédés simultanés : la réduction du dioxyde de carbone magmatique et l’oxydation de la matière organique par les activités bactériennes.

La plupart des lacs volcaniques libèrent les gaz annuellement par un mélange des eaux profondes et des eaux surfaces. Le soleil qui réchauffe les eaux superficielles des lacs permet un mouvement de convection des eaux permettant une libération continuelle des gaz. Le lac kivu est un lac méromictique, c’est-à-dire que les eaux ne se mélangent pas et sont stratifiées à différentes profondeurs.

L’extraction du gaz méthane et son exploitation par des entreprises étrangères qui semblaient apporter une solution économique pour la partie rwandaise, s’avèrent catastrophiques sur le plan environnemental. Les eaux rejetées après extraction ne sont pas remises dans leur couche d’origine ce qui accentue l’appauvrissement du lac au niveau de son écosystème. Les couches superficielles agissent comme bouclier. Les éléments nutritifs plongent dans les eaux profondes pour ne plus jamais refaire surface.

Ce sont mes rencontres avec Charles Balagizi, Chef de la section de géochimie de l’eau (géochimie et environnement) du nord Kivu, et coordinateur du Virunga Supersite qui m’a permis de me rendre compte de cette problématique réelle des éruptions limniques de ces lacs volcaniques. Ces travaux de grandes qualités, les complexités géopolitiques, géographiques, l’impact humain et environnemental ont été un des moteurs principaux de la création de la fondation.

Nos actions de soutien aux travaux de Charles, qu’ils soient matériels, humains, de formation (des équipes congolaises aux nouvelles avancées technologiques) sont pour la fondation des enjeux majeurs environnementaux, humains et économiques mondiaux.

 

  • Vous êtes en train de faire une série de documentaires ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Le documentaire est un moyen de divulguer les informations dans un autre format et d’avoir un impact avec un plus large public. Notre idée est de reprendre les connaissances du monde.

Nous avons 3 documentaires en projet. Un sur le travail de Charles Balagizi au Nyiragongo et le lac Kivu, une expédition dans le sud Ethiopien et une expédition de deux mois dans les îles sandwichs du sud en partenariat avec 80 Jours Voyages pour montrer l’importance de la conscience du monde volcanique et son écosystème.

 

  • Avez-vous d’autres projets à venir ?

Oui, mais nous manquons de fonds financiers, c’est évident.

Nos priorités sont liées aux enjeux sociaux, écologiques…

Nous avons un centre sur Barcelone depuis le mois de septembre 2020, pour être plus opérationnel sur le terrain.

Il s’agit de pouvoir offrir des produits des terres volcaniques permettant une économie durable et sociale permettant d’accroître la prévention, divulgation, et la formation aux risques.

Un livre en français sort en septembre prochain pour expliquer notre combat et la réalité de terrain. Nous sortons deux livres pour enfants en espagnol et Catalan et commençons notre plateforme internet internationale en ligne pour l’histoire, la culture et la vie quotidienne dans les zones volcaniques.

La mise en place de Volcano Care avec notre emblème Words into Action au sein de notre Foundation vient du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes UNDRR. Nous souhaitons rappeler aux politiques le rôle du principe de précaution et leur responsabilité en termes de prévention du risque de catastrophes.

Nous rappelons que nous devons établir une structure organisationnelle et identifier les processus nécessaires pour comprendre et prendre des mesures afin de réduire le degré d’exposition, d’impact et de vulnérabilité aux catastrophes, qui sont liées aux droits de l’homme, à l’environnement, à la lutte contre la corruption et au travail.

 

Découvrez en plus sur :

Volcano Active Foundation

Hola Volcano Active Foundation QR

Volcano School

Volcano Active Shop

 

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Earth of Fire est un blog dédié aux volcans. Bernard Duyck est la personne derrière ce blog. Actualité volcanique, articles scientifiques, récits et photos de voyage, il y a de quoi ravir les passionnés de volcanologie !

  • Dites-nous en un peu plus sur vous ? Comment vous est venu cette passion pour les volcans?

En plus de ma profession de pharmacien d’officine, le besoin de compenser côté nature m’a fait intéresser à l’ornithologie tout d’abord. Le développement des premiers reportages sur les volcans d’Haroun Tazieff, puis les films de Maurice et Katia Krafft, dont son expérience en canot pneumatique sur le lac acide du Kawah Ijen, m’ont inoculé le virus et l’envie de vivre ces moments sur le terrain. J’ai pu descendre dans le cratère de l’Ijen lors d’un périple en Indonésie en 2001 … et depuis, l’odeur du soufre m’a emmené sur bien d’autres volcans.

Orgues à Gangolfsberg (Rhön Allemagne) Crédit : Bernard Duyck

 

Piton de la Fournaise La Réunion
Crédit : Bernard Duyck

  • Votre blog affiche 6289 articles, c’est impressionnant ! Maintenir ce site à jour doit être un travail assez conséquent, comment faites-vous pour vous renseigner et maintenir cette cadence?

Il faut relativiser: je diviserai déjà le chiffre par deux, puisqu’il y a une traduction des articles en anglais, et cela se répartit sur onze années. Le travail de récolte des nouvelles et la rédaction des articles quotidiens me prend deux à trois heures, auxquelles s’ajoutent le temps consacré à la lecture des articles scientifiques et livres sur la volcanologie. J’ai une liste d’observatoires volcanologiques et d’instituts qui me permettent d’accéder à leur suivi quotidien d’une part, et un réseau d’amis qui m’alertent de l’activité des volcans proches de chez eux et m’envoient leurs photos; les réseaux sociaux viennent compléter mes sources.

Le Grand prismatic Yellowstone USA
Crédit : Bernard Duyck
Gunnhuver hot springs Islande
Crédit : Bernard Duyck

 

  • Comment passe-t-on de passionné de volcans à bloggeur?

D’une part, je n’étais pas satisfait par l’information existante, uniquement textuelle, et d’autre part, un événement familial m’a contraint à limiter fortement mes vagabondages. Comme j’aime bien être toujours occupé, j’ai partagé mon temps à la maison entre le blog, le jardinage, et les diverses charges domestiques. Le blog permet de m’évader, et de partager mes lectures, mes informations et quelques photos de voyage avec le monde des volcanophiles.

 

  • Dans le monde des volcans, un petit coup de cœur?

Le choix n’est pas facile ! Mais mon préféré demeure l’Ol Doinyo Lengai, le volcan sacré des Maasaï, en Tanzanie.

Il reste lié à mes plus fortes sensations de voyage, par les efforts consentis pour le gravir, et en redescendre, avec un matériel d’occasion réduit au minimum … puisque mon sac n’avait pas suivi, à l’amitié qui en est née avec un compagnon d’expédition, aux belles rencontres avec les nomades, et la merveilleuse nature du pays.

 

Lengaï Tanzani 2006
Crédit : Bernard Duyck

 

Dallol Ethiopie
Crédit : Bernard Duyck

 

Découvrez le site web :

http://www.earth-of-fire.com/

 

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Le chaudron de vulcain est un site principalement dédié à l’actualité des volcans. Cette mine d’or a aussi pour vocation d’être pédagogique (fiche volcan, vidéo, lexique et bibliographie). George Vitton est la personne derrière ce blog. Il a également publié un livre de photos, Volcans de légende.

 

  • Vous êtes un passionné de volcan, maintenir ce site à jour doit être un travail assez conséquent, comment faites-vous pour vous renseigner et maintenir cette cadence?

Ce n’est pas facile tous les jours. Je prends les infos auprès des sites gouvernementaux, des observatoires volcanologiques et (parfois) des journaux locaux. Il faut compter environ 2 heures pour la rédaction du bulletin. Tous les jours, samedi dimanche compris. Durant les  « temps de vaches maigres » (avec peu d’éruptions), il faut aller chercher vers des volcans peu médiatiques. Le reste du temps, j’arrive à « m’avancer  » durant la soirée…

 

  • Quand est-ce que votre passion pour les volcans a-t-elle débuté?

Je remercie mes parents qui ont toujours mis dans mes mains des LIVRES. Notamment des recueils du « Reader Digest » ou j’ai lu des centaines de fois un article sur l’éruption du Krakatau, dans le détroit de la Sonde. Cela a été mis en sommeil, et cela est remonté vers mes 45 ans. J’allais en vacances à l’époque en Sicile. J’avais trouvé un volcanologue Suisse, Mr Thierry Basset, qui faisait le tour des volcans de Sicile avec des profs de l’Université de Genève. Je les ai rejoint sur l’Etna. Géologues, volcanologues, botanistes, entomologistes… Je suis devenu un buvard, perdu pour le reste du monde.

Descente du Krakatau
Crédit : George Vitton

 

  • Vous avez également publié un livre de photos de volcans «volcans de légende »  où l’on découvre des volcans des quatre coins du monde avec des explications volcanologiques et des légendes autour  des volcans en question. Comment avez eu l’idée ? Quel a été votre expérience d’écrire un livre ? Souhaiteriez-vous sortir un autre livre ?

Si on m’avait dit un jour que je publierai mes photos…. C’est venu d’une discussion. Mon banquier cherchait une idée de cadeau pour ses clients. De fil en aiguille, l’idée d’un bouquin photo est venue. C’est une expérience fabuleuse, de trouver un fil conducteur. Mon ami Jacques Marie Bardintzeff a gentiment rédigé la préface. J’ai découvert les éditions, leurs rotatives… Exceptionnel. Maintenant, un autre livre … pourquoi pas ? Peut-être les mémoires d’un autodidacte face aux volcans ???

 

  • Quels sont vos volcans préférés?

Ben, je ne pense pas qu’il y en ai un… Ils sont tous fabuleux. L’Erta Ale et le Dallol peut-être ? Mais aussi le Klyuchevskoy, Stromboli, le Kawah Ijen, mon cher Krakatau.. Sans oublier le Yasur, le Bembow et sa longue descente… Non, je n’y arrive pas….

 

  • Des nouvelles de vos projets de conférences et/ou d’animation pédagogique?

Cela se résume en peu de mots : COVID  19

 

  • Et pour sortir un peu des volcans, vous vivez dans un moulin?

Notre havre de paix. Ce moulin date d’avant 1600 (les archives ont été brûlées). Il servait à faire de la farine panifiable. Actuellement, il ne produit plus de farine, mais, grâce à sa retenue d’eau, de l’électricité au moyen d’une turbine. Ce système chauffe un ballon d’eau qui permet d’économiser 2,5 tonnes d’équivalent CO2, pour chauffer 3 logements. Lieu à défendre contre les attaques écologistes qui militent pour la continuation hydrologique des rivières. Il faut juste noter que la Teyssonne, qui l’alimente, est à sec chaque année durant 4 mois. Les poissons sont bien heureux de survivre dans la retenue d’eau. Et ce microcosme est (jusqu’à ce jour) l’habitat de 44 espèces d’oiseaux (sédentaires ou non ) que nous avons pu observer, photographier. Donc une nouvelle source de passion: après les volcans, les oiseaux.

L’étang du moulin
Crédit : George Vitton

 

Découvrez le site web : Le chaudron de vulcain

 

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Professeur d’anglais à la retraite, Claude Grandpey focalise aujourd’hui son attention sur ses deux passions, la volcanologie et la lutte contre le réchauffement climatique. Il est aussi président d’honneur de L’Association Volcanologique Européenne LAVE. Mémoires volcaniques ; Terres de feu, Voyages dans le monde des volcans ; Volcanecdotes ; Glaciers en Péril ; Dans les pas de l’ours sont quelques-uns de ses ouvrages. Volcans et Glaciers est également un blog sur l’actualité volcanique et pédagogique. Claude Grandpey propose également des conférences aussi bien pour promouvoir les connaissances autour de la volcanologie que pour expliquer la problématique du réchauffement climatique.

 

Couleurs automnales de la toundra
Crédit : Claude Grandpey

 

  • Comment passe-t-on de l’anglais à la volcanologie/climatologie, c’est inhabituel comme parcours?

Ce n’est pas si inhabituel que cela quand on songe que l’anglais est la langue scientifique. Elle ne suffit pas toutefois pour s’ouvrir les portes; j’ai la chance de parler couramment italien et assez bien allemand et espagnol, ce qui permet de se faire comprendre et de s’ouvrir des portes dans pas mal d’endroits. J’ai eu aussi l’immense chance de rencontrer Haroun Tazieff avec lequel j’ai gardé des relations relativement étroites jusqu’à sa mort. Il m’a ouvert pas mal de portes, en Italie surtout.

 

  • Quelle est votre mission au sein de LAVE?

Ma mission est de gérer le service Infolave. Je diffuse chaque semaine un bilan de l’activité volcanique dans le monde. La fréquence de diffusion est plus grande quand un volcan entre en éruption.

 

  • Vous avez eu l’occasion de participer à des expéditions scientifiques. Qu’en avez-vous retiré?

J’ai eu effectivement l’occasion de collaborer avec des observatoires comme celui des volcans d’Hawaii ou celui de Yellowstone. Étant prof d’anglais, je ne suis pas un scientifique diplômé, mais ma pratique de l’anglais et de l’italien et une bonne dose de diplomatie (c’est le plus important) m’ont permis de gagner la confiance de plusieurs organismes scientifiques. Il est toujours gratifiant d’être au contact de scientifiques, d’être conseillé dans l’utilisation du matériel. Peut-être le plus important, on a l’autorisation de pénétrer dans des zones autrement interdites.

 

Grand Prismatic à Yellowstone
Crédit : Claude Grandpey

 

Gerbe de lave à Hawaii
Crédit : Clade Grandpey

  • Vos livres sont sur la thématique de la géologie (Glaciers en Péril, Mémoires Volcaniques…) et pourtant votre dernière publication est centrée sur l’ours. Pourquoi ce choix?

J’aime beaucoup l’ours, peut-être parce qu’il correspond un peu à mon tempérament. Et puis, lors de plusieurs voyages en Alaska, j’ai eu l’occasion de l’approcher et de l’observer longuement. Contrairement à certains, je ne me focalise pas à 100% sur les volcans. A mon avis, c’est un grave défaut d’avoir des œillères. Par exemple, en Alaska, on peut observer des volcans comme le Redoubt ou l’Augustine, mais ce serait une erreur de négliger les glaciers, la toundra et toute la faune qui y vit.

 

Ours et saumon en Alaska
Crédit : Claude Grandpey

 

  • Depuis longtemps vous vous battez contre le réchauffement climatique en contribuant à une meilleure information sur ce sujet (et à lutter contre la désinformation). Or, ce thème très présent dans l’actualité n’évolue que très doucement dans les décisions et les actes, est-ce-que ce n’est pas parfois décourageant ?

Je ne le pense pas. En septembre dernier, j’étais au chevet des glaciers alpins qui fondent vite, mais pas aussi vite que les glaciers et la banquise arctiques. Je suis un privilégié d’avoir pu observer ces deux mondes. Mon rôle est de faire savoir ce qui se passe dans les hautes latitudes. Ce n’est qu’à force de répétition que le clou finira par entrer. Je suis Creusois et le Creusois est têtu; je ne lâcherai pas le morceau de sitôt. Et puis, les événements climatiques extrêmes qui se préparent, l’apparition de virus avec le dégel du permafrost, feront vite prendre conscience de la gravité du réchauffement climatique.

  • Envisagez-vous d’écrire un autre livre? Avez-vous des actualités, des conférences etc… ?

Rien de prévu pour le moment et la crise sanitaire avec les librairies fermées, les salons annulés n’encouragent guère dans cette voie. Mais l’inspiration est parfois très rapide chez moi! Je devais faire des conférences dans les prochaines semaines et en 2021, mais je ne suis pas très optimiste. Nous ne sommes pas près de sortir de cette ornière.

 

Découvrez le site internet :

claudegrandpeyvolcansetglaciers

 

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Crédit photo : Laurent Perrier

Ludovic Leduc est un volcanologue indépendant et médiateur scientifique. Avec Alex Molle, un ami passionné de volcans comme lui, ils forment l’équipe d’Objectif Volcans dont la page facebook éponyme reflète leur volonté : apporter des connaissances scientifiques et adaptées autour des volcans, derrière un suivi de l’actualité volcanique mondiale. Le Piton de la Fournaise y est mis en avant, car Ludovic y a vécu quelques années et ce volcan est le sujet de ses premiers projets professionnels. Mais s’il reste très attaché à cette île, il cherche aujourd’hui à élargir ses horizons…

 

Crédit : HTA Photographie

 

  • Comment est né votre intérêt pour les volcans?

À l’âge de mes sept ans, j’ai participé à une classe découverte en Auvergne. L’animateur nous a fait croire qu’en collant son oreille au fond du cratère du Puy de Pariou, nous pourrions entendre le magma… On s’est tous exécutés pour, ensuite, se persuader de l’avoir entendu, ce que je sais aujourd’hui faux, mais cela a éveillé en moi une passion qui ne m’a jamais quitté. J’ai commencé par collectionner des cailloux, puis j’ai lu et vu pas mal de livres et films sur le sujet. Maurice et Katia Krafft m’ont fait voyager et sont devenus de vrais modèles, tant pour leur liberté d’action et de pensée que pour cette envie de transmettre qui résonne aujourd’hui en moi.
Je n’étais toutefois pas l’excellent élève que ces longues études nécessitent. J’étais peut-être aussi effrayé devant le peu de débouchés proposés par cette voie. C’est d’abord un professeur de SVT qui m’a donné confiance en moi, puis mes parents qui m’ont donné le coup de pied au derrière dont j’avais besoin. Je me suis alors rendu compte de mes capacités et me suis nourri de tous ces enseignements jusqu’au Master de Clermont-Ferrand. Je ne suis pas allé plus loin, sans doute car je n’étais pas complètement en phase avec la recherche scientifique, sachant que ce n’était pas non plus tout à fait la meilleure manière, pour moi, de vivre cette passion pour les volcans…
Le choix d’aller vivre à La Réunion avec ma compagne a été la révélation. J’ai découvert une île merveilleuse, avec un volcan superbe et très actif. En plus des éruptions, je me suis découvert un goût pour la transmission des connaissances et me suis totalement engagé dans cette voie.

 

  • Quel lien particulier avez-vous avec le Piton de la Fournaise?

C’est mon premier volcan. Si j’ai pu en découvrir quelques-uns avant d’aller à La Réunion lors de mes études ou de voyages personnels, le Piton de la Fournaise est celui où j’ai vécu mes premières vraies émotions. J’ai eu la chance de vivre pleinement sept éruptions lors des trois ans où j’ai vécu sur cette île ! Ce sont des émotions immenses, personnelles d’abord car vécues comme un certain aboutissement, mais aussi partagées avec mes proches qui, enfin, pouvaient mieux comprendre cette passion…
C’est aussi sur ce volcan que j’ai acquis une certaine expérience de terrain. J’y ai développé mon regard de scientifique, à partir des bases apprises lors de mes études notamment, mais qui se sont tellement enrichies depuis. Cela a renforcé l’idée de ce que je voulais faire de ce métier : voyager, tout en continuant de s’enrichir de nouvelles connaissances.

Le Piton de la Fournaise, c’est aussi le volcan de mes premiers travaux.

J’ai eu la chance de vivre une superbe éruption de deux mois qui a commencé le lendemain de la naissance de mon premier enfant. Ce fut un moment intense de ma vie, où j’alternais les allers-retours au volcan tous les trois jours et la découverte de la paternité… Les nombreuses images filmées lors de cette éruption m’ont permis de réaliser un film pédagogique dans lequel j’explique comment se déroulent habituellement les éruptions de ce volcan… J’en ai fait un DVD pour les touristes, mais aussi pour les professeurs de SVT au service de leurs élèves. Ce premier projet m’a donné envie de continuer dans cette voie de l’entreprenariat, avec cette volonté de diversifier les moyens pour faire passer le message…
J’ai ensuite développé des parcours pédagogiques sur le Piton de la Fournaise pour tenter de transmettre la manière dont se forment les paysages réunionnais. J’ai donc emmené quelques touristes au volcan puis, en rentrant en métropole, j’ai coordonné et écrit une partie du guide géologique de La Réunion pour que ces parcours pédagogiques demeurent, mais d’une autre manière…
Aujourd’hui, je vis à 10 000 km de la Fournaise. Pourtant, dès qu’il entre en éruption, j’ai cette même appréhension, cette même excitation que lorsque j’habitais là-bas… C’est viscéral, si bien que je ne peux m’empêcher de suivre l’éruption grâce à mes amis réunionnais, pour comprendre ce qu’il se passe et partager…

 

Crédit : Ludovic Leduc

 

  • Est-ce qu’il y a une éruption historique qui vous a vraiment marqué?

Je n’ai pas vécu d’éruption que l’on peut vraiment qualifier d’historique.
L’éruption qui commença juste après la naissance de mon premier fils fut quand même à l’origine d’un des plus gros cônes volcaniques de l’Enclos Fouqué, ce qui n’est pas rien. L’activité fut par moment vraiment impressionnante ! Cette éruption m’a aussi permis de découvrir l’ensemble des phénomènes éruptifs principaux de ce volcan, ce qui m’a donné l’idée de faire ce film pédagogique. Il y a aussi notre première éruption en 2014 avec ma femme : une petite éruption, plus charmante qu’impressionnante, mais le partage avec elle rendit le moment exceptionnel ! Je pense également à une éruption en 2015 sur laquelle on arriva 20 minutes seulement après le début avec un ami … Les fissures éruptives continuaient à s’ouvrir… magique ! L’année d’après, mon père a fait du pain sur des coulées à peine solidifiée… Ce fut un autre moment d’exception, de nos deux passions mélangées à quelques pas du cône en formation…
J’ai aussi eu la chance d’aller sur le Nyiragongo, un volcan au Congo qui héberge le plus grand lac de lave du monde… Un spectacle inoubliable ! Avec Alex, ce fut la découverte d’un volcan bien plus dangereux que la Fournaise mais pourtant bien moins surveillé alors qu’il menace près de 2 millions de personnes… Cette prise de conscience nous a donné envie de nous investir pour aider l’Observatoire volcanologique de Goma. Monter des projets au Congo est difficile mais j’ai bon espoir que cela aboutisse un jour, peut-être en collaboration avec la Fondation Volcano Active, une jeune fondation qui a de grands objectifs pour améliorer la vie des 500 millions de personnes qui vivent à proximité d’un volcan actif.

 

Crédit : Ludovic Leduc

 

  • Un mot sur le guide que vous avez publié?

La Réunion est une île géologiquement très riche, avec un volcan très actif et une érosion démentielle en lien avec une pluviométrie parmi les plus importantes de la planète. Cela engendre des paysages spectaculaires qui attirent de nombreux touristes et que la géologie permet de comprendre…  C’est pour moi le meilleur endroit en France pour cela : il était donc important d’élargir la collection de ces guides géologiques à La Réunion ! J’ai pris le projet en main et ai fait le lien entre les trois autres auteurs et Omniscience, la maison d’édition. J’ai aussi et surtout écrit la partie sur le massif volcanique du Piton de la Fournaise qui représente 60% du livre environ…
Ce guide, c’est d’abord une histoire géologique complète qui permet de fixer les notions et moments clés depuis l’émergence de l’île, il y a plus de 3 millions d’années. C’est également dix randonnées détaillées pour voir… et comprendre ! De Mafate au Piton de la Fournaise en passant par la route des Laves ou la Plaine des Cafres, nous avons essayé de mêler pédagogie et belles iconographies pour réussir à vous faire prendre la mesure des phénomènes géologiques à l’œuvre sur cette belle île. C’est enfin sept fiches découvertes sur des sujets aussi variés que les orgues volcaniques, les climats extrêmes de l’île ou le fonctionnement de l’observatoire volcanologique…
Personnellement, ce livre m’a aussi permis de clôturer mon passage à La Réunion, en laissant un témoignage des richesses de cette île qui m’a profondément marqué.

 

Crédit : Ludovic Leduc
  • Quels sont vos projets à venir?

J’ai encore quelques projets à La Réunion, avec la Cité du Volcan notamment, qui est le musée dédié aux volcans et au Piton de la Fournaise. Je suis par exemple en train de finir d’écrire un livre pour ce musée sur le Piton de La Fournaise qui sera à la fois un accompagnement à la randonnée jusqu’au sommet de la Fournaise et un beau livre avec de belles illustrations ! Je suis également sur un autre projet de livre, pour les enfants cette fois, en collaboration avec la Fondation Volcano Active. C’est j’espère le début d’une collection qui visera à apporter des informations scientifiques et pédagogiques aux enfants qui habitent près des volcans actifs. Je pense en effet qu’il est essentiel de mieux éduquer et informer les enfants par rapport aux risques volcaniques, particulièrement ceux qui vivent à proximité de volcans actifs et dangereux…
J’interviens aussi dans les établissements scolaires et les centres culturels par le biais de conférences sur le sujet. Avec Alex, nous commençons aussi à organiser et accompagner des voyages sur les volcans actifs en partenariat avec 80 Jours Voyages car partager ses connaissances sur le terrain n’a rien de comparable… Deux sont fixés pour 2021 : les Açores et la Sicile, en espérant que le contexte sanitaire nous permette de partir ! Quoiqu’il en soit, ces voyages concordent avec mon envie insatiable de voyager, de voir des volcans et des éruptions…

Crédit : Ludovic Leduc

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La bande-annonce qui présente son DVD :
Une éruption classique à la Réunion

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10 itineraires de randonnée

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Jacques-Marie Bardintzeff, volcanologue, durant l’éruption du Fogo au Cap-Vert en janvier 2015, dans le cadre d’un « Eruption Express » de 80 Jours Voyages (© J.M. Bardintzeff).

 

Volcanologue français de renom, Jacques-Marie Bardintzeff retrace dans son dernier livre, sa vie de scientifique. A ses premières émotions minérales lors de promenades avec ses grands-parents dans la région grenobloise à son expédition scientifique en Terres australes et antarctiques françaises, Jacques-Marie transmet avec passion son intérêt pour les volcans et la science.

 

  • Vous avez débuté dans la volcanologie dans les années 70, la volcanologie était une discipline assez nouvelle? A ce titre vous considérez-vous comme un pionnier de la volcanologie moderne?

JMB : J’ai été recruté le 1er octobre 1977 comme assistant à l’Université Paris-Sud Orsay (aujourd’hui Université Paris-Saclay). À cette date, je suis alors devenu officiellement volcanologue professionnel, après plusieurs années d’études (Agrégation à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, aujourd’hui ENS Lyon ; Diplôme d’Études Approfondies, aujourd’hui Master, puis Doctorats). Il y a plus de quarante ans ! Je ne suis pas un « pionnier » ; Alfred Lacroix et Haroun Tazieff méritent davantage ce titre. Mais je suis un témoin des formidables progrès effectués en volcanologie en quatre décennies…

 

  • Trouvez-vous que votre métier a évolué?

JMB : Oui, bien sûr. Il y a quarante ans c’était la « Préhistoire scientifique » : pas d’ordinateur portable mais de simples petites « calculettes », pas de téléphone mobile, pas de fax ni internet, pas de clé usb ! Les plus jeunes se demandent d’ailleurs comment nous pouvions « survivre » ! Nous utilisions des ordinateurs avec des programmes écrits en « Fortran » sur des centaines de cartes perforées (un plein carton de cartes pour un calcul). Puis nous avons reçu les « Apple II » avec 64 Mo de mémoire ce qui nous semblait prodigieux. Il fallait plusieurs disquettes pour sauvegarder l’ensemble de ma thèse. Aujourd’hui il est possible de traiter des milliers de données chiffrées. Nous pouvons connaître « en live » la sismicité des volcans islandais. Les GPS permettent un suivi minutieux des déformations. Les drones survolent des cratères inaccessibles… Le trajet du magma de la profondeur vers la surface est de mieux en mieux modélisé mais il faut toujours une « vérité terrain ».

 

  • Quelle a été votre première expérience sur un volcan en éruption?

JMB : En novembre 1978, je m’envole pour le Guatemala ! La première fois que j’avais pris l’avion c’était l’année précédente, pour aller en Corse, en excursion géologique et biologique avec l’ENS : j’avais 23,5 ans alors que ma fille a fait son premier vol, âgée de quelques mois seulement… Trois volcans voisins mais différents m’y avaient donné rendez-vous. Le Pacaya, qui émet des coulées de lave, le Fuego des panaches de cendres et le Santiaguito de redoutables nuées ardentes. J’y suis resté cinq semaines pour rentrer la nuit de Noël : cette première expédition était mon merveilleux cadeau. Je ramenais cinq caisses, soit 400 kg de roches, le début de ma thèse d’État.

 

Nuée ardente au Sinabung, Sumatra, Indonésie, lors d’un « Eruption Express » de 80 Jours Voyages (© J.M. Bardintzeff).

 

  • Volcanologue, c’est un métier que vous considérez comme dangereux?

JMB : Bien évidemment le volcan a toujours raison. Il faut rester prudent en toute circonstance, savoir faire demi-tour devant une éruption qui s’intensifie.

 

  • Quels sont les moments les plus marquants dans votre expédition dans les Terres australes et antarctiques françaises?

JMB : J’ai passé trois mois à Kerguelen en 1989. C’est un de mes plus beaux souvenirs. Départ de l’île de la Réunion à bord du bateau « Marion Dufresnes » long de 114 mètres. 6 jours pour atteindre l’île Crozet puis 3 de plus pour Kerguelen. Un choc ! L’accueil par les manchots royaux et les éléphants de mer. 3 mois au bout de monde pour décrypter la géologie de l’archipel. Déplacements en bateau ou par hélicoptère dans des conditions météo souvent difficiles. C’est un chapitre haut en couleurs de mon livre.

 

  • Un petit conseil pour les clients qui participeront aux expéditions organisées par 80 Jours Voyages en Antarctique?

JMB : Bien sûr, être équipé contre le froid. Vivre un peu au jour le jour en fonction de la météo : une journée maussade, sans aucune visibilité sera suivie d’une tempête de ciel bleu au-dessus de paysages époustouflants !

Jacques-Marie Bardintzeff, à Kerguelen en 1989 au milieu des manchots royaux : cherchez l’intru ! (©H. Leyrit)

 

  • Hors cadre: un temps, vous avez voulu être astronaute et avez même été dans le programme de formation pour voler sur Hermès. Des regrets?

JMB : Mon idole est Youri Gagarine, le premier cosmonaute. Passionné par la planète Terre, j’avais envie d’en faire le tour et même, pourquoi pas, d’aller plus loin ? J’ai répondu à des appels à candidature du CNES (Centre National d’Études Spatiales). Et j’avais été retenu sur une liste « B », dans le cadre du projet Hermès, une petite navette européenne qui n’a malheureusement jamais vu le jour. Comme je l’écris dans mon livre : « Pour explorer les volcans de Mars, je m’aperçois que je me suis trompé de millénaire… Mais je réalise que les volcans terrestres renferment encore bien des secrets.»

Jacques-Marie Bardintzeff, devant un Robin DR-400 à l’aérodrome de Chavenay, en 1986, dans le cadre de sa préparation de cosmonaute ! (© J.M. Bardintzeff).

 

  • Hors cadre: Le cyclisme, ceux qui vous connaissent savent que c’est ça votre autre passion? N’est-ce pas?

JMB : Mon autre idole est Jacques Anquetil, vainqueur de 5 Tour de France dans les années 60. J’ai une admiration sans bornes pour les coureurs cyclistes. Je connais tous les classements, tous les palmarès. J’ai vu passer le Tour de France la première fois en 1961, juste après le départ de la formidable étape Grenoble-Turin. Guy Ignolin s’était déjà échappé et ne sera plus rejoint. Souvent je suis monté à vélo à l’Alpe d’Huez applaudir les coureurs. J’ai gardé mon âme d’enfant, mon enthousiasme : le 20 septembre dernier, j’étais à Issy-les-Moulineaux pour saluer le peloton, le maillot jaune Pogacar en tête, qui terminait la dernière étape du Tour. Quelle joie d’avoir la casquette de Sean Kelly, le bidon de Nibali…

Jacques-Marie Bardintzeff, avec le maillot jaune, lors du BRA (Brevet de Randonneurs des Alpes) en 1993 (© J.M. Bardintzeff)

 

 

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