Hier, à Cumbra Vieja vers 21h, le trémor éruptif a disparu, signifiant l’arrêt de l’alimentation en magma. C’est la plus longue pause enregistrée depuis le début de l’éruption, mais on ne peut pas encore décréter que l’éruption est terminée, celle-ci pouvant tout à fait reprendre dans quelques heures ou jours…

Quoi qu’il en soit, les dernières heures ont été intenses ! Plusieurs épisodes d’activité impressionnante ont été remarqué depuis dimanche, à l’origine de colonnes de cendres atteignant 5 à 6 km d’altitude ! Cette activité intermittente fait suite à une relative stabilité depuis le début de la semaine dernière, avec une activité explosive très modeste, un panache de dégazage d’un peu plus de 1000 m de haut, un activité effusive stable dans la zone centrale du champ de lave, une sismicité assez faible, une baisse progressive du SO2 (un gaz que l’on peut relier au débit éruptif) depuis quelques semaines…
Alors, comment expliquer cette activité discontinue ? Ce n’est évidemment qu’une hypothèse de ma part, mais il se pourrait qu’une sorte de bouchon se forme au sommet du conduit éruptif lorsque l’activité explosive est réduite, un bouchon sous lequel les gaz magmatiques s’accumuleraient… avant de céder ! Alors, cet arrêt de l’activité en ce moment n’est-il qu’une pause avant un nouvel épisode intense, ou bel et bien la fin de l’éruption ? Patience, nous le saurons prochainement…

Hier encore, l’éruption a perturbé les habitants de l’île du fait de la détérioration de la qualité de l’air à cause de la présence de SO2 en concentrations trop importantes, obligeant plus de 30 000 personnes à se calfeutrer chez elles toute la matinée !

Même si l’éruption ne peut être considérée comme terminée, elle peut d’ores et déjà être considérée comme une éruption record, et ce sur la base de plusieurs paramètres :

  • 86 jours d’activité : c’est au moins deux jours de plus que l’éruption historique la plus longue sur l’île, celle de Tehuya en 1585 ;
  • 1225 ha recouverts par les laves : le double du champ de lave historique le plus grand, celui de Tigalate en 1646 ;
  • 2896 bâtiments touchés : un chiffre incomparable à celui des éruptions précédentes évidemment, la population n’étant pas aussi importante…

Sources : INVOLCAN, IGN, IGME, 20 minutes, Copernicus
Ludovic Leduc, pour Objectif Volcans

 

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Le débit d’une éruption n’est jamais parfaitement stable. Celle de La Cumbre Vieja, en cours depuis plus de 70 jours, n’est pas une exception : des pulses d’activité peuvent être remarqués, à l’origine d’une activité explosive très variable dans le temps ! Mais parfois, il semble que les évents au niveau du cône éruptif n’arrivent pas à évacuer l’intégralité de la pression magmatique, ce qui engendre l’apparition de nouveaux points de sortie. C’est arrivé jeudi matin dernier, au sud du cône, à l’origine d’une coulée qui longea la bordure sud du champ de lave, passant notamment dans le cimetière de Las Manchas… Comme pour les précédents évents secondaires, l’activité s’est arrêtée en quelques heures.
Un nouvel épisode a eu lieu dimanche, vers 3h du matin, avec l’ouverture de plusieurs évents qui ont éventré le cône dans sa partie nord. Mais à la différence des événements précédents, une de ces bouches a totalement monopolisé l’activité, si bien que lundi, les évents principaux au niveau du cône éruptif n’était plus actifs ! L’activité a depuis repris, au moins sur la bouche explosive principale, mais l’évent secondaire est toujours très actif, avec de belles fontaines de lave qui construisent un cône attenant au cône principal (voir vidéos en commentaire). Les coulées émises par cet évent s’épanchent sur la partie nord du champ de lave, principalement sur les coulées précédentes, bien qu’elles menacent tout de même le village de La Laguna…

La surface recouverte par les coulées de lave est de plus de 1134 hectares, pour 2786 bâtiments touchés. À noter également que les plateformes littorales ne sont plus alimentées à l’heure d’aujourd’hui.
En plus des dégâts matériels, l’éruption gêne toujours les habitants, que ce soit par la sismicité, avec quelques séismes ressentis quotidiennement, mais aussi à cause des cendres (pour l’aéroport notamment) et des gaz dont les concentrations dépassent parfois le seuil d’alerte pour la santé.

Sources : INVOLCAN, IGNspain, Copernicus
Ludovic Leduc, pour Objectif Volcans

 

https://youtu.be/jISuYKxWark

 

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Des restrictions d’accès sur l’île de VULCANO (Îles Éoliennes, Italie) – Mais que se passe-t-il ?
Cette petite île située au nord de la Sicile est bien connue pour ses fumerolles qui forment de jolis dépôts soufrés au bord du cratère de La Fossa, dépôts que l’on pouvait jusqu’alors observer en toute liberté…
Mais depuis juillet, certains paramètres volcanologiques ont nettement augmenté et posent problème :
La température des fumerolles : l’augmentation est de plus de 100°C à certains endroits, avec un maximum à 340°C. C’est important, même si on est encore loin des températures enregistrées en 1993 : 690°C !
La quantité de gaz émis : le flux de SO2 est d’environ 110 tonnes/jour (contre 20-30 tonnes/jour habituellement) et celui de CO2 est de 480 tonnes/jour (contre 80 tonnes/jour en temps normal).
La sismicité : augmentation de la microsismicité superficielle, associée à des séismes appelés VLP, engendrés par le passage de ces gaz en plus grande quantité dans le volcan, qui n’avaient jamais été enregistrés sur ce volcan.
La déformation du sol : un gonflement du volcan a été repéré à partir de la mi-août même s’il s’est depuis arrêté…
Ces différents paramètres indiquent que le volcan est dans un état d’agitation, obligeant les autorités à passer au niveau d’alerte « jaune » le 1er octobre. Le sommet de La Fossa s’en trouva alors interdit et de nouveaux instruments furent installés pour mieux surveiller le volcan…
Et si les différents paramètres semblent marquer le pas en novembre, les concentrations en gaz dans le village au pied du cône sont importantes à certains endroits, à l’origine de gênes respiratoires pour certains habitants, la mort de certains animaux…  C’est pourquoi le maire de Lipari a pris la décision d’interdire aux habitants de ce secteur d’y passer la nuit…
C’est le CO2 qui pose problème, un gaz inodore, incolore et surtout plus lourd que l’air ! 250 personnes vont devoir déménager dans des maisons et hôtels des secteurs plus sûrs de l’île…
Le système hydrothermal du volcan est donc plus actif depuis un peu plus de deux mois. C’est déjà arrivé par le passé, comme entre 1987 et 1993 sans que cela ne débouche sur une éruption. Cet état d’agitation peut aussi être un précurseur d’une future activité éruptive… Plusieurs mois avant la dernière éruption, en 1888-1890, les mineurs qui travaillaient autour des fumerolles ne purent s’y rendre, la faute à des températures trop importantes et une atmosphère irrespirable ! À suivre donc…
Quoi qu’il en soit, cette activité inhabituelle pourrait durer un moment et embêter les locaux, et le tourisme, durablement…
Source : INGV
Ludovic Leduc, pour Objectif Volcans
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https://www.youtube.com/watch?v=EwnN4cWxhFI&t=232s

Un article de P. Thiran

 

Préambule

Cette chronique se rattache à la chronique 5 – Pourquoi s’intéresser aux sables et les collectionner?-, dont la relecture facilitera celle de la présente chronique.

 

Que sont les tephras

Les volcans sont émetteurs de matières solides, de différentes dimensions, appelées – téphras – à coté de matières liquides plus ou moins visqueuses appelées – laves -.

Les tephras se distinguent par leurs dimensions et sont classés selon leur granulométrie:

  • les blocs et les bombes, supérieure à 64 mm
  • les lapilli, comprise entre 64 et 2 mm
  • les cendres, inférieure à 2 mm, ce qui correspond à la granulométrie du matériau – sable -.

C’est pourquoi les arénophiles s’intéressent aussi aux cendres volcaniques qu’ils ont baptisées – sables volcaniques -. Cet intérêt se justifie parce que leur contenu reflète la composition du magma et de son encaissant, et présente une diversité de fragments de roches et de minéraux, lesquels sont parfois cristallisés.

 

Les roches et minéraux dans les cendres volcaniques

Parmi les fragments de roches, on trouvera du basalte, de l’andésite, de la rhyolite, des ponces et des obsidiennes.

Quant aux minéraux, le plus fréquemment rencontré est l’olivine, solution solide d’un silicate ferro-magnésien, dont le pôle ferrique est la fayalite et le pôle magnésien la fostérite. Viennent ensuite les pyroxènes (augite) et les amphiboles (hornblende), les feldspaths (sanidine), les micas (muscovite,biotite), le quartz et le soufre.

Les différentes origines de ces minéraux

  • la cristallisation “fractionnée” dans le magma, qui donne naissance en premier lieu au groupe de l’olivine,
  • les cristallisations secondaires dans les dépôts des éjectas,
  • l’arrachement hors des roches par l’érosion,
  • les apports de l’encaissant lors de la remontée du magma.

 

Où récolter les sables volcaniques

  • autour des cratères et sur les flancs des volcans,
  • sur les aires des retombées,
  • sur les plages le long des mers et les rives des lacs,
  • autour des geysers et des évents des champs hydrothermaux.

Autour de ces derniers, c’est la geyserite, un dioxyde de silice, minéral le plus abondant, généralement entouré de soufre.

A noter que sur les aires de retombées et les plages, il est difficile d’identifier le volcan à l’origine des dépôts. Il peut s’agir en effet, de retombées directes d’un volcan voisin, mais aussi de dépôts éoliens de cendres de volcans éloignés. Dans ces dépôts, les cendres ont une granulométrie fine inférieure à 0,5 mm, et quasi uniforme.

 

Les sables volcaniques en image

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les sables volcaniques ne sont pas uniformément noirs ou gris comme les cendres basaltiques (photo 1).

 

Ainsi, les cendres rhyolitiques sont blanchâtres (photo 2).

Avec les minéraux, ils offrent une palette de couleurs qui comprend notamment le jaune ou le vert transparent des olivines, les nuances de noir et d’orangé des obsidiennes, le blanc plus ou moins jaunâtre des ponces, ainsi que d’autres mélanges colorés illustrés par les images de sables volcaniques ci-après:

  • le sable “vert” de la plage Kalae de l’île hawaïenne de Big Island, constitué à plus de 90% d’olivine jaune-vert translucide, (photo 3),

  • le sable noir piqueté d’or de la plage de Saõ Felipe sur île de Fogo de l’archipel du Cap-Vert, (photo 4),

  • le sable d’obsidienne orangée de la carrière Jraber en Arménie, (photo 5),

  • le sable de pyroxènes noirs et verts translucides du golfe de Salerne en Italie (photo 6),

  • le sable blanc des ponces du Mont Pilato sur l’île de Lipari de l’archipel des Eoliennes (photo 7),

  • le sable coloré de la plage de Monterrico au Guatemala (photo 8).

 

Sources bibliographiques :

– Volcanologie, par Jacques-Marie Bardintzeff, 6° édition, en particulier pour ce qui concerne les retombées,

– Le Sable et ses mystères, par Jacques Lapaire et Paul Miéville, pour ce qui concerne les sables volcaniques et les lieux de récolte.

 

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Un article de P. Thiran

 

Avant-Propos

Selon les souvenirs de chacun, le sable rappelle des plages en bord de mers ou de lacs, des dunes à l’arrière de plages, des déserts et leurs dunes, des sablières voire des chantiers de construction. Quant à collectionner des sables, les motivations sont diverses: souvenirs de lieux de vacances, témoins des plages ou des dunes  d’une région ou d’un pays, création d’une palette de couleurs de nuances infinies, observation et étude du contenu minéral et/ou organique.

Définition du sable

L’origine du sable a été expliquée dans la chronique 4. On en déduit que le sable peut se définir comme un assemblage meuble de fragments de roches, de minéraux et d’organismes vivants fossilisés. Ces fragments sont appelés grains. En tant que matériau, le sable est défini par la granulométrie de ses grains qui est comprise entre 2 et 0,063 mm (voir note 1). Au-dessus de 2 mm, on parle de graviers, puis de galets et de blocs; en dessous de 0,063 mm, de limon et d’argile. A partir de cette définition, les arénophiles considèrent que, parmi les éjectas des volcans, ceux appelés cendres dont la fraction dite sableuse a une granulométrie similaire, font aussi partie des sables de collection. (voir note 2)

Où se trouve le sable

Les dépôts de sable se rencontrent principalement aux bords et sur les fonds des mers et océans, et dans les déserts sous forme de dunes principalement. Ils se rencontrent aussi sur les rives des lacs et des rivières, dans le lit de celles-ci, dans certaines carrières (les sablières), dans les stériles miniers et les régions volcaniques. Deux modes de transport créent ces dépôts: l’hydraulique par les cours d’eau et les courants marins, et l’éolien par le vent. Le transport peut atteindre des milliers de km. Il altère la forme et l’aspect des grains. Ainsi selon la distance et le mode de transport, les grains seront d’une part, anguleux, émoussés (partiellement usés) ou arrondis, et d’autre part, mats ou brillants. Un grain arrondi et mat sera toujours la preuve d’un transport éolien, tandis que les autres formes et aspects le seront d’un transport hydraulique. Dans les deux modes, le degré d’usure augmente avec la distance et la brillance des grains de plage avec les mouvements successifs des courants marins.

Le contenu des sables

Le contenu des sables est très varié. Ainsi, sur une plage en bord de mer, on trouvera ici des fragments de roches et de minéraux, là des débris de coquillages, ailleurs un mélange des deux. On trouvera également des morceaux de coraux, de bryosoaires, d’organes d’invertébrés comme des antennes de crustacés, des squelettes d’éponges ou spicules, des piquants d’oursins ou radioles et surtout des organismes unicellulaires entiers: les foraminifères. Se rencontrent également des morceaux de verres  colorés, plus ou moins polis, des billes de peintures réfléchissantes utilisées pour le marquage routier et autres déchets solides. En outre, le contenu peut varier au gré des saisons, notamment en fonction des courants marins.

La photo 1 montre un sable de plage formé de minéraux et la 2 de fragments polis de coraux et d’autres invertébrés (gastéropodes et bivalves).

 

Image 1 : sable de plage détritique Photo et coll. Ph. Thiran

 

Image 2 : sable de plage organique Photo et coll. Ph. Thiran

 

Dans les rivières par contre, le contenu sera entièrement minéral et les dunes des déserts ne contiendront que du quartz.

Un sable de rivière, aux grains anguleux, est illustré sur la photo 3 et un sable  de dune de désert, aux grains arrondis et mats, sur la photo 4.

 

Image 3 : sable de rivière Photo et coll. Ph. Thiran

 

Image 4 : sable de dune de désert Photo et coll. Ph. Thiran

 

Quels sont les minéraux susceptibles de se retrouver dans les sables?

Ce sont des minéraux qui résistent à l’abrasion par leur dureté, à la décomposition par l’eau et les acides faibles par leur composition. Ce sont donc les minéraux durs qui ont le plus de chance de se retrouver dans les sables. Exception faite toutefois pour les micas, groupe de minéraux tendres, trouvés le plus souvent dans les cours d’eau. Par ordre de fréquence décroissante, citons le quartz qui constitue souvent plus de 90% du contenu minéral. Ensuite les minéraux lourds comme la magnétite et les grenats, et, malgré leur légèreté, les micas blancs et noirs. Puis d’autres minéraux lourds comme les béryls, les spinelles et les zircons.

La photo 5 montre un sable à grenats roses, à magnétite noire et saphirs bleus.

 

Image 5 : sable de plage à minéraux lourds Photo et coll. Ph. Thiran

Le contenu organique du sable

Quant au contenu organique, l’intérêt se porte principalement sur les foraminifères que l’on trouve entiers dans les sables marins du monde entier, grâce à leur petite taille et à la bonne conservation de leur test. Il en existe plusieurs milliers d’espèces avec une diversité infinie de forme. C’est donc un plaisir pour les arénophiles de les observer et les collectionner. Etant donné leur existence en continu depuis environ 500 millions d’années, ils constituent des repères stratigraphiques de choix pour les géologues.

Des foraminifères, appelés numulites, sont montrés sur un sable de plage à la photo 6.

 

Image 6 : sable de plage à foraminifères Photo et coll. Ph. Thiran

 

Quelques plages sont devenues célèbres grâce au contenu de leur sable

– plages de Vendée tapissées de divers types de grenats dans les tons roses, oranges et rouges, parmi lesquels se cachent des saphirs bleus,

– plages de l’île d’Elbe couvertes d’hématites et de magnétites noires,

– plages d’Hawaï, couvertes d’olivines jaune-vert translucides, dont une de Big Island est illustrée sur la photo 7,

– plages des îles de l’archipel d’Okinawa où s’étalent des foraminifères étoilés dits “Stars Sands” que s’arrachent les collectionneurs.

 

Image 7 : sable de plage à olivine Photo et coll. Ph. Thiran

 

Certains cours d’eau d’Auvergne charrient des minéraux lourds dont des béryls, des corindons et des zircons. Celui de la photo 8 charrie notamment des zircons, grains brillants rouges et brun-clair.

 

Image 8 : sable de rivière à minéraux lourds Photo et coll. Ph. Thiran

 

Les sables recueillis sur les fonds marins sont étonnamment riches en invertébrés fossilisés, bien souvent complets qu’il s’agissent de bivalves ou de gastéropodes, et en foraminifères variés. Un de ces sables est illustré sur la photo 9.

 

Image 9 : sable de fond marin Photo et coll. Ph. Thiran

 

 

Quant à l’intérêt de collectionner des sables, diverses motivations sont évoquées au début de cette chronique.

En outre, l’amateur de minéraux et/ou de fossiles peut ainsi se constituer une collection peu encombrante mais limitée quant au nombre de différents éléments  et qui nécessite l’usage d’un microscope binoculaire pour l’observation.

Notes

Note 1 – Erratum Chronique 4 – le Cycle Géologique du Sable. Concernant la granulométrie des grains, il convient de lire que celle-ci est comprise entre 0,063 et non 0,63 et 2 mm.

Note 2 – Référence: Volcanologie, par Jacques-Marie Bardintzeff, 6° édition, chapitre 8 : Granulométrie des retombées.

Note 3 – les sables ont été photographiés par l’auteur de cet article et font partie de sa collection personnelle. Le grossissement des grains est compris entre 15 et 20.

 

Sources bibliographiques:

  • Le Sable et ses mystères, par J. Lapaire et P. Melville, 2012.
  • Le Cahier des Micromonteurs-Spécial Sables, n° 104, 02/2009.
  • Atlas des Sables, volume 1 et 2, par J. Lapaire, 2017 et 2020.

 

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Découvrez l’article de Futura Sciences sur le sable

 

Les astronomes bénéficient d’une vue sans nuage depuis l’avion, ils sont dans la stratosphère. En dessous d’eux, se trouvent 85 % de l’atmosphère terrestre et presque toute la vapeur d’eau – des molécules qui absorbent et dispersent la lumière du soleil, en particulier l’infrarouge. Le nom du projet : APEQS flight expedition signifie « photographie aérienne de l’éclipse du soleil tranquille ». Tranquille parce que cette année, le soleil se rapproche du minimum dans son cycle de 11 ans d’activité des taches solaires. Onze organismes de recherche ont fait équipe avec National Geographic.

Le matériel cloué au sol de l’avion, une préparation de plusieurs mois, un calcul pour voir l’éclipse le plus longtemps possible sont mis en place pour l’étude de l’éclipse.

Certains scientifiques travaillent sur la luminescence, une très faible luminescence de la haute atmosphère très difficile à observer pendant la journée. Ils se sont tachés à mesurer le rôle des atomes de sodium dans cette lueur. La luminosité de la lueur de sodium pourrait indiquer la nature des réactions chimiques dans l’inosphère, une région vitale pour les communications radio. D’autres scientifiques ont prévu d’enregistrer le spectre d’une bande étroite de la couronne solaire. Les mesures de la photographie résultante devaient permettre de déterminer la densité des électrons libres près du soleil par rapport à la quantité de poussière interplanétaire. L’astronaute Scott Carpenter devait observer les effets de faibles luminosités du ciel tels qu’ils peuvent être vus par les voyageurs de l’espace.

Eclipse solaire en Indonésie 2016

L’expédition a été un succès gratifiant. Ce succès comprend les données du physicien sur le rayonnement infrarouge dans des gammes jamais enregistrées auparavant, données qui pourraient ouvrir des connaissances sur la haute atmosphère du soleil. L’expédition a démontré qu’un gros avion à réaction peut servir admirablement de plateforme stable en altitude – un observatoire stratosphérique. Le pilote automatique a maintenu le bout des ailes à l’horizontale avec une déviation ne dépassant pas un quart de degré pendant la période critique et le tangage longitudinal était encore plus faible.

 

80 Jours Voyages prépare un voyage en 2023 afin d’observer une éclipse. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à nous contacter.

Eclipse solaire Indonésie 2016

 

Source :

The Solar Eclipse from a jet de Wolfgang B. Klemperer, National Geographic, Novembre 1963

 

Découvrez nos voyages en Indonésie

Découvrez l’article de Futura Sciences sur la définition d’une éclipse solaire

Découvrez dans cet article le cycle géologique des roches et du sable, un article de P. Thiran.

Le cycle géologique des Roches

Du point de vue de la géologie, le sable s’inscrit dans le cycle géologique des Roches, tel que schématisé ci-dessous.

Cycle conçu et dessiné par Robert Six

 

Ce cycle se résume comme suit:

  • au début de l’existence de notre planète, la croûte terrestre était une masse silicatée en fusion, qui par refroidissement, donna naissance aux Roches Magmatiques, comme les basaltes d’une part et les granites d’autre part.
  • avec le temps, sous l’action des conditions météorologiques (vent et pluie), ces roches se sont altérées ou érodées. Leurs débris ont alors constitués les Roches Sédimentaires Meubles dont font partie les graviers, les sables, les argiles, selon la granulométrie de ces débris.
  • par la suite, ces sédiments meubles ont subi des modifications, appelés diagenèse, qui les ont transformés en Roches Sédimentaires Indurées ou solides, comme les calcaires et les grès.
  • à leur tour, ces roches sédimentaires indurées ont pu subir d’importantes modifications sous l’action d’élévations de température et /ou de pression. Ceci se produit lors de mouvements (tectoniques) de la croûte terrestre provoquant par exemple l’enfouissement de ces roches. Il en résulta alors des roches dites Roches Métamorphiques, dont les plus connues sont les schistes.
  • ces deux types de roches indurées vont par la suite, subir les effets des agents météorologiques et du transport. Les débris générés vont reconstituer des sédiments meubles, refermant ainsi la boucle du cycle.

Le sable

Parmi les roches sédimentaires meubles, le sable se caractérise par des grains indépendants, de granulométrie comprise entre 0,63 et 2 mm. Ce sable est dit détritique ou d’origine minérale.

Le phénomène d’altération qui donne naissance aux sables détritiques, est appelé arénisation, terme qui provient du latin arena, signifiant sable. Elle consiste en la dégradation de roches sous l’action du vent et de la pluie, suivie de l’action du transport (éolien ou hydraulique) des débris de roches, lequel use, polit ou déforme les grains. Le quartz (oxyde de silicium) est l’élément prépondérant, grâce à sa dureté et sa résistance aux agents chimiques. L’image 2 montre un sable résultant de l’altération d’un granit et l’image 3, un sable d’altération d’un grès.

 

Image 2 : Grains de sable grossis x 15  Photo et coll. Ph. Thiran

 

Image 3 : Grains de sable grossis x 15  Photo et coll. Ph. Thiran

 

Mais le sable a également pour origine les restes solides de la fossilisation des formes animales les plus élémentaires: les invertébrés marins. Ces derniers ont la particularité de s’entourer d’une carapace, appelée test ou coquille, de nature calcaire ou siliceuse. Cette carapace subsiste après la disparition des parties organiques. Les parties solides, comme les piquants des oursins, les squelettes des éponges, les antennes des crustacés,…subsistent également. L’image 4 montre un sable ainsi constitué sur un fond marin.

 

Image 4 : Grains de sable grossis x 10  Photo et coll. Ph. Thiran

 

Dans le cycle des roches, les roches meubles se transforment en roches sédimentaires indurées.

Le cycle géologique du sable

Pour le sable, cette transformation se déroule comme suit:

  • dans un premier temps, les grains charriés par voie hydraulique ou par le vent s’accumulent et constituent des dépôts soit en milieu marin, ce qui forme des bassins de sédimentation, soit en milieu terrestre et constituent des déserts et leurs dunes, des dépôts de loess, …
  • s’opère ensuite le tassement des sédiments sous le poids des couches successives, l’élimination de l’eau entre les grains et la consolidation de l’ensemble par cémentation et/ou cristallisation.
  • ce processus conserve les traces de formation comme la stratification due aux différents dépôts ou par la présence de fossile.

 

Les sables créent ainsi deux catégories de roches sédimentaires indurées

  • les calcaires à base de calcite (carbonate de calcium), sont soit détritiques soit organiques c’est-à-dire à base d’invertébrés fossilisés,
  • les grès, sont à base de grains de silice.

Les images 5 et 6 illustrent respectivement un calcaire fossilifère et un grès.

 

Image 5 : Calcaire fossilifère  Photo et coll. Ph. Thiran

 

Image 6: Grès rouge des Vosges  Photo et coll. Ph. Thiran

 

 

Le sable apparait donc comme un produit recyclable indéfiniment, ou dans le langage actuel, un produit renouvelable et durable.

Les sables charriés par le Rhin en sont un bon exemple. Ceux-ci, en effet, proviennent actuellement de l’altération des granites du massif alpin et des grès vosgiens, ces granites et ces grès étant nés jadis de débris de roches venus d’ailleurs.
Les sables qui sont actuellement charriés, vont se déposer en mer du Nord où ils constituent un nouveaux bassin de sédimentation qui finira par s’indurer et le cycle se répétera … à l’échelle des temps géologiques. Ce sable est illustré à l’image 7.

 

Image 7 : Grains de sable grossis x 15  Photo et coll. Ph. Thiran

 

 

 

Sources bibliographiques :

  • Le Sable, secrets et beauté d’un monde minéral, par J.Ayer, M.Bonifazi et J.Lapaire, Museum de Neuchâtel, 2002.
  • Articles sur les roches, par Robert SIx, bulletins du Groupe d’Etudes des Sciences de la Terre, 2014.
  • Dictionnaire de géologie, de A. Foucault et J-F Raoult, 7° éd. Dunod, 2010.

 

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Anne Fornier est la fondatrice de La Fondation Volcano Active, une fondation internationale à but non-lucratif dont l’objectif principal est de soutenir la recherche scientifique, le développement et la diffusion des résultats sur l’activité des volcans, leurs risques à l’échelle mondiale, l’atténuation des risques volcaniques et le soutien à l’accroissement de leurs connaissances par le biais de projets sociaux.

Elle est aussi membre fondateur de la coopérative The End, dont l’objectif est la diffusion et la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies dans les PME et les organismes officiels.

Née en 1978, (Annecy Haute-Savoie France), Anne est une humaniste, géographe et spécialiste en gestion des risques. Elle est engagée sur les problématiques de résilience en terres volcaniques.

Elle a une maîtrise en recherche en géographie physique et analyse des risques volcaniques sous la Direction de Gérard Mottet, Directeur du Laboratoire de Géographie Physique Université Jean-Moulin Lyon III et sous la direction du climatologue Marcel Leroux, directeur du Laboratoire de Climatologie, Risques et Environnement, Théorie sur la dynamique du temps et du climat, AMP, à l’Université Jean-Moulin, Lyon III.

 

  • Comment est né votre intérêt pour les volcans ?

J’ai rencontré Haroun Tazieff à mes six ans, lors d’une conférence « connaissance du monde ». Je me souviens de son charisme et de ma fascination pour le documentaire.

Ma vocation est née par un concours de circonstance. Après mon baccalauréat et une enfance compliquée, mon avenir était flou. Je me suis inscrite à l’université pour bénéficier des droits étudiants, car je n’avais pas de recours financier. J’ai choisi une filière peu connue pour avoir de la place. Je suis arrivée en retard à mon premier cours, je me suis donc assise au premier rang de l’amphithéâtre. Après  trois heures de géomorphologie (dans lequel je n’ai rien compris,  j’ai même  écrit le cours en phonétique), j’ai été fascinée et j’ai décidé que je comprendrai.

Ensuite, pour mes 20 ans, je vivais ma première éruption au Piton de la Fournaise, puis avec les années, je suis entrée chez Terra Incognita (une agence de voyage aujourd’hui disparue, NDLR) pour travailler à l’agence puis aussi comme guide.

 

  • Après 20 ans sur le terrain, vous avez décidé de créer cette fondation, qu’est-ce qui vous a poussé à créer Volcano Active Foundation ?

Tout d’abord pendant huit ans, j’ai vécu en Savoie dans un petit village pour élever mes enfants, puis je me suis retrouvée seule avec mes trois enfants sur Barcelone. J’ai décidé de vivre selon mes valeurs et mes engagements. Il y a vingt ans, j’ai créé une ONG avec deux amis, Patrice Huet (actuellement Directeur scientifique du Musée du Volcan de la Réunion) et Sylvain Todman. C’est donc tout naturellement que j’ai repris ce chemin dans les zones volcaniques. Nous sommes face à des aléas inévitables, mais qui peuvent être atténués en travaillant la résilience des écosystèmes, la vulnérabilité des peuples, la justice sociale, l’éducation dans leur vie quotidienne.

Je me trouve souvent confrontée à dénoncer les mauvaises pratiques des États, des multinationales, des narcotrafics, des pressions, et même des manipulations de certains scientifiques.

Des peuples sont voués à une précarité par manque de formation sur les risques volcaniques. Les maisons, les routes, sont construites de façon rapide et accentuent les risques et désastres, les eaux sont les premières à être contaminées par les cendres ou les émanations en gaz.

Des solutions concrètes existent comme travailler sur les facteurs de vulnérabilité comme la pauvreté, l’éducation, les plans d’urbanisation et de construction, pour réduire les désastres en terre volcanique.

 

 

  • Pouvez-vous nous en dire plus sur la Volcano Active ?

La Fondation Volcano Active est une fondation à but non-lucratif dont les objectifs principaux sont de soutenir la recherche scientifique, le développement et la diffusion des résultats sur l’activité des volcans et leurs risques à l’échelle mondiale, l’atténuation des risques volcaniques et le soutien à l’accroissement des connaissances par le biais de projets sociaux. Elle a vu le jour début 2019. J’en suis la fondatrice.

L’objectif de la fondation est d’accroître la résilience des habitants et des écosystèmes des zones volcaniques avec un accent particulier sur les femmes et les enfants. Non seulement face aux catastrophes inévitables, mais aussi dans leur vie quotidienne avec les émissions de gaz, la contamination des aquifères et les maladies typiques des zones volcaniques.

Il existe plus de 1 500 volcans actifs dans le monde affectant directement plus de 500 millions d’habitants de ces zones volcaniques.

Nos objectifs s’articulent donc sur les piliers de la mitigation, de l’éducation et la divulgation.

 

MITIGATON

Former du personnel local qualifié et lui fournir les moyens techniques pour contrôler l’activité volcanique sur le terrain. Former la population à l’évacuation en cas de catastrophe.

 

ÉDUCATION // ÉCOLE DU VOLCAN

Créer et développer des programmes qui améliorent la connaissance des volcans, de leurs risques et travailler sur la prise de conscience de notre environnement.

L’objectif est de sensibiliser les enfants des régions volcaniques, à la volcanologie et à ses risques, en faisant des enfants une référence pour transmettre les valeurs et la protection de ce phénomène géologique et social si étroitement lié à la planète et à l’environnement.

 

DIVULGATION

Faire connaître les conditions de vie et l’état réel des volcans, tant par des études scientifiques que par des articles destinés au grand public.

 

 

  • Quels sont les principaux risques volcaniques connus et les moyens disponibles pour protéger les populations ?

Le travail est immense et rarement modélisable d’une zone à l’autre, chaque volcan est unique. La liste des dangers est longue.  Il s’agit de mettre en place une identification des dangers pour une gestion des risques de catastrophes par zone et par volcan.

Dans notre subconscient, les dangers de la nature semblent inévitables, catastrophiques. Mais les catastrophes ne sont pas naturelles, elles sont socialement construites, par manque de préparation, de prévention, d’atténuation, d’éducation et de suivi. Ce que nous avons, ce sont des menaces ou des dangers de la nature qui affectent les sociétés vulnérables.

Nous devons réduire la vulnérabilité sociale et structurelle pour rendre nos sociétés plus résilientes !

Pour donner un exemple de type de risque auquel on ne pense pas souvent :

Les éruptions sous-marines présentent des caractéristiques différentes en termes de gestion des risques par rapport aux éruptions produites sur la terre ferme. Il existe environ 70 000 km de dorsale océaniques sans données précises. Quels sont les risques et comment devons-nous les appréhender ?

Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes de surveillance de l’activité volcanique dans la mer afin d’établir son éventuel danger pour les personnes et les biens, ainsi que des restrictions nécessaires au trafic maritime (sous-marins, etc..).

 

  • Vous parliez dans un article, du Campi Flegrei, un volcan caché sous la ville de Naples. Y a-t-il d’autres zones de risques volcaniques que l’on ne soupçonne pas ?

Il existe un phénomène volcanique rarement évoqué par son manque de recherche et sa situation géographique éloignée des plus dévastateurs : les éruptions limniques ou le dégazage brutal de dioxyde de carbone d’un lac volcanique.

Il existe 3 lacs au monde dont on parle d’éruption limnique : Il s’agit du lac NYOS (Cameroun), MONOUN (Cameroun), et KIVU (RDC-Rwanda).

Dans la nuit du 21 août 1986 vers 21h, se produit l’une des catastrophes naturelles des plus importantes de cette décennie : un nuage de dioxyde de carbone mortel libéré par le lac Nyos tuant plus de 1700 personnes et des milliers de têtes de bétail.

Le lac Nyos est un lac formé sur le flanc d’un volcan. Le magma situé sous le lac produit du dioxyde de carbone qui s’accumule dans les eaux profondes du lac. Le dioxyde de carbone est un gaz qui se dissout dans l’eau, surtout s’il est soumis à beaucoup de pression. Les 200 mètres de profondeur du Nyos supposent assez de pression pour dissoudre le gaz dans l’eau.

La libération soudaine du gaz due à un simple glissement de terrain, une explosion volcanique, un mouvement sismique, ou à une saturation des eaux en gaz changent la composition des données de rétention, les gaz remontant à la surface sous forme d’explosion.

Le dioxyde de carbone est plus lourd que l’air, incolore et inodore. Il s’est réparti comme un nuage invisible à travers collines et forêts, en tuant tous les animaux et les humains sur son chemin simplement en les empêchant de respirer de l’oxygène.

Les conséquences du lac Nyos nous interpellent sur l’ampleur d’une future catastrophe concernant le lac Kivu.

Il est situé à la frontière entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. Il partage plusieurs caractéristiques avec le lac Nyos. Le lac Kivu a une profondeur de près de cinq cents mètres et une superficie de 2 700 km 2, presque 1 300 fois plus grand que le Nyos et des milliers de fois plus volumineux. Autour du lac Nyos, il n’y avait que quelques milliers de personnes. Autour du lac Kivu, vivent plus de deux millions d’êtres humains des deux côtés de la frontière. Il est facile de comprendre pourquoi le lac Kivu mérite le titre de lac le plus dangereux du monde. Une explosion sur le lac Kivu provoquerait une catastrophe presque sans précédent en termes de mortalité.

Le lac Kivu contient 300 fois plus de concentration de dioxyde de carbone que le lac Nyos et de surcroît contient un autre gaz le méthane. Le gaz méthane est produit par deux procédés simultanés : la réduction du dioxyde de carbone magmatique et l’oxydation de la matière organique par les activités bactériennes.

La plupart des lacs volcaniques libèrent les gaz annuellement par un mélange des eaux profondes et des eaux surfaces. Le soleil qui réchauffe les eaux superficielles des lacs permet un mouvement de convection des eaux permettant une libération continuelle des gaz. Le lac kivu est un lac méromictique, c’est-à-dire que les eaux ne se mélangent pas et sont stratifiées à différentes profondeurs.

L’extraction du gaz méthane et son exploitation par des entreprises étrangères qui semblaient apporter une solution économique pour la partie rwandaise, s’avèrent catastrophiques sur le plan environnemental. Les eaux rejetées après extraction ne sont pas remises dans leur couche d’origine ce qui accentue l’appauvrissement du lac au niveau de son écosystème. Les couches superficielles agissent comme bouclier. Les éléments nutritifs plongent dans les eaux profondes pour ne plus jamais refaire surface.

Ce sont mes rencontres avec Charles Balagizi, Chef de la section de géochimie de l’eau (géochimie et environnement) du nord Kivu, et coordinateur du Virunga Supersite qui m’a permis de me rendre compte de cette problématique réelle des éruptions limniques de ces lacs volcaniques. Ces travaux de grandes qualités, les complexités géopolitiques, géographiques, l’impact humain et environnemental ont été un des moteurs principaux de la création de la fondation.

Nos actions de soutien aux travaux de Charles, qu’ils soient matériels, humains, de formation (des équipes congolaises aux nouvelles avancées technologiques) sont pour la fondation des enjeux majeurs environnementaux, humains et économiques mondiaux.

 

  • Vous êtes en train de faire une série de documentaires ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Le documentaire est un moyen de divulguer les informations dans un autre format et d’avoir un impact avec un plus large public. Notre idée est de reprendre les connaissances du monde.

Nous avons 3 documentaires en projet. Un sur le travail de Charles Balagizi au Nyiragongo et le lac Kivu, une expédition dans le sud Ethiopien et une expédition de deux mois dans les îles sandwichs du sud en partenariat avec 80 Jours Voyages pour montrer l’importance de la conscience du monde volcanique et son écosystème.

 

  • Avez-vous d’autres projets à venir ?

Oui, mais nous manquons de fonds financiers, c’est évident.

Nos priorités sont liées aux enjeux sociaux, écologiques…

Nous avons un centre sur Barcelone depuis le mois de septembre 2020, pour être plus opérationnel sur le terrain.

Il s’agit de pouvoir offrir des produits des terres volcaniques permettant une économie durable et sociale permettant d’accroître la prévention, divulgation, et la formation aux risques.

Un livre en français sort en septembre prochain pour expliquer notre combat et la réalité de terrain. Nous sortons deux livres pour enfants en espagnol et Catalan et commençons notre plateforme internet internationale en ligne pour l’histoire, la culture et la vie quotidienne dans les zones volcaniques.

La mise en place de Volcano Care avec notre emblème Words into Action au sein de notre Foundation vient du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes UNDRR. Nous souhaitons rappeler aux politiques le rôle du principe de précaution et leur responsabilité en termes de prévention du risque de catastrophes.

Nous rappelons que nous devons établir une structure organisationnelle et identifier les processus nécessaires pour comprendre et prendre des mesures afin de réduire le degré d’exposition, d’impact et de vulnérabilité aux catastrophes, qui sont liées aux droits de l’homme, à l’environnement, à la lutte contre la corruption et au travail.

 

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L’agence de voyage vous propose de regarder des vidéos pédagogiques présentées par le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff. Partez au Kazakhstan, en Arménie et dernièrement en Italie afin d’en savoir plus sur ses trésors naturels.

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Un article de P. Thiran

Avant-Propos

L’objet de cette chronique est de jeter un peu de lumière sur l’origine du nom attribué à chaque minéral.

On peut, en effet, s’interroger à la lecture du nom du minéral aux fines aiguilles vertes transparentes, représenté ci-dessus : la Cuprosklodowskite, une terminologie plutôt réservée à une dictée de Bernard Pivot ou à un exercice d’élocution.

Les noms originaire de l’Antiquité

Certaines dénominations remontent à l’Antiquité, comme le Cinabre, minerai de mercure, auquel le philosophe grec Théophraste, au 3° siècle avant notre ère donna le nom de Kinnabaris. (note 1). Le naturaliste romain, Pline l’Ancien, donna le nom de Galena au minerai de plomb, lequel se nomme actuellement Galène, sulfure de plomb. Ultérieurement, le nom des minéraux découverts fut attribué pour toutes sortes de raisons, allant du patois de mineurs au patronyme d’une personnalité en rapport ou non avec la minéralogie.

L’I.M.A.

Heureusement, pour mettre de l’ordre dans cette nomenclature hétéroclite, fut créé en 1958 une institution internationale: l’International Minéral Association – I.M.A.

Sa mission est de revoir chaque dénomination, la modifier au besoin dans un but de cohérence, vérifier si le minéral est bien distinct des autres, attribuer un nom aux nouveaux soit découverts soit exhumés des caves d’un musée par exemple, retirer un nom erroné ou qui fait double emploi…

Ainsi, dans un souci de spécificité, toutes les terminaisons par le suffixe – ine – ont été remplacées par le suffixe – ite – afin d’indiquer clairement qu’il s’agit bien d’un minéral, ce suffixe provenant du grec – lithos – qui signifie  – pierre.

Il s’ensuit que le total des minéraux reconnus par l’IMA varie régulièrement. Au 1 mars 2021, le nombre publié  est de 5688  unités.

Pour y voir plus clair, certains spécialistes ont imaginé de trier les étymologies par catégorie.

Quelques exemples

Ce qui suit, donne un aperçu de ces travaux, en commençant, par exemple, par l’étymologie de quelques minéraux connus: le quartz, la calcite, le gypse, la fluorite, et la baryte.

– le Quartz provient de l’allemand quars , probable contraction d’un ancien terme de mineurs germaniques au 16° siècle: querertz .

– la Calcite, du latin calx, chaux, attribué en 1845 par Karl Haidinger minéralogiste autrichien,

– le Gypse, du latin gypsum signifiant plâtre,

– la Fluorite, du latin fluere, s’écouler, par allusion à son utilisation comme fondant en métallurgie, attribué en 1797 par le naturaliste italien Carlo Napione,

– la Baryte, du grec barus, lourd, par allusion à sa forte densité, attribuée en 1800 par Ludwig Karsten, minéralogiste allemand.

 

Minéral Calcite miel, Mont-Marchienne, Belgique
Calcite miel, Mont-Marchienne, Belgique, collection et photo de Philippe Thiran

 

Minéral Gypse aciculaire,Lublin,Pologne _ Philippe Thiran
Gypse aciculaire, Lublin, Pologne, coll. et photo de Philippe Thiran

 

Minéral Cristaux de Fluorine,Otavi,Namibie
Cristaux de Fluorine, Otavi, Namibie, coll. et photo de Philippe Thiran

 

 

 

Quelques noms éponymes de lieux situés en France et en Belgique

– l’Autunite (phosphate d’uranium), de la ville d’Autun  (Saône et Loire), minéral radioactif et  très fluorescent de couleur verte sous lumière U.V. Il fut exploité en plusieurs endroits de France, comme matière première des centrales nucléaires françaises,

– la Bauxite (oxyde d’aluminium), des Baux de Provence  (Bouches du Rhône), source principale d’aluminium,

– la Montmorillonite, silicate complexe, important constituant des sols, de la ville de Montmorillon  (Vienne),

– la Trimounsite, (silicate de titane), de la carrière de talc de Trimouns, la plus grande du monde, située à 1800 m au-dessus du village de Luzerac dans l’Ariège (Pyrénées).

 

Minéral Autunite, St.Priest-la-Prugne,Loire,France_Philippe Thiran
Eclairage naturel, Autunite, St.Priest-la-Prugne, Loire, France, coll. et photo de Philippe Thiran

 

Minéral Eclairage fluorescent Autunite, St.Priest-la-Prugne,Loire,France,
Eclairage fluorescent Autunite, St.Priest-la-Prugne, Loire, France, coll. et photo de Philippe Thiran

 

– l’Ardennite (silicate complexe), découverte à Salmchâteau dans les Ardennes belges,

– l’Ottrélite (alumino-silicate), du village de Ottré (Vielsalm) dans la province de Luxembourg, Belgique,

– la Kolwézite, (carbonate de cuivre et de cobalt) de la localité minière de Kolwési, province du Katanga, R.D.Congo.

 

Minéral Kolwésite fibro-radiée (verte) sur Calcite-cobaltifère (rose), Philippe Thiran
Kolwésite fibro-radiée (verte) sur Calcite-cobaltifère (rose), coll. et photo de Philippe Thiran

 

Quelques noms en rapport avec la personne qui a découvert ou analysé la première ou en l’honneur d’une personnalité

– la Becquerelite, hydroxyde d’uranium, dédié au chimiste et physicien français Henri Becquerel, qui découvrit par hasard la radioactivité,

(note 2)

– la Cuprosklodowskite, silicate d’uranium, dédié à Marie Curie, polonaise née Maria Sklodowska, qui découvrit le Radium et l’appliqua à la médecine. Elle fut aussi la première femme à recevoir le Prix Nobel en 1911,

– la Curite, hydroxyde d’uranium, dédié à Pierre Curie, physicien français, époux de Maria Sklodowska,  pionnier en radioactivité avec son épouse,

– la Carnotite, vanadate d’uranium, dédié à Marie-Adolphe Carnot, chimiste français, auteur du Traité d’analyses des substances minérales  en 1904,

– l’Haüyne, silicate complexe de roches volcaniques, dédié à René-Just  Haüy, célèbre scientifique français du 18° siècle, considéré comme le père de la cristallographie,

– la Lacroixite, phosphate anhydre, dédié à Alfred Lacroix, minéralogiste français du 19° siècle, célèbre pour son traité sur la Minéralogie de France et de ses colonies, paru à la fin du siècle.

 

Minéral Minéral Cuprosklodowskite - Kolwézi - Katanga - RDC
Cuprosklodowskite – Kolwézi – Katanga – RDC,  coll. et photo de Pierre Louis

 

Minéral Cristaux d'Haûyne sur Syénite,Laacher See,Eifel, Philippe Thiran
Cristaux d’Haûyne sur Syénite, Laacher See, Eifel, coll. et photo de Philippe Thiran

 

– la Buttgenbachite, nitrate de chlore, dédié à Henri Buttgenbach, éminent professeur de minéralogie à l’université  de Liège, qui publia en 1947 un ouvrage de référence les Minéraux de Belgique et du Congo Belge,

– la Cornétite, phosphate de cuivre, dédié au géologue belge Jules Cornet, qui s’illustra en découvrant à la fin du 19° siècle, l’immense richesse minérale du Haut-Katanga de la R.D.C. (note 3)

– la Césarolite, hydroxyde de plomb, dédié à Guiseppe Césaro, professeur à l’université de Liège au début du 20°siècle, qui s’illustra par des recherches et des descriptions de la cristallisation de centaines de minéraux, (note 4)

– la Deliensite, sulfate d’uranium, dédié en 1997 à Michel Deliens, docteur en minéralogie à l’Institut des Sciences Naturelles de Belgique, qui s’illustra par de nombreuses publications dont le recensement de 176 minéraux secondaires de l’uranium en 1993,

– la Vandenbrandéite, hydroxyde d’uranium, dédié en 1932 au géologue belge Pierre Van den Brand, qui mit en évidence les gisements de transition entre les uranifères et les cupro-cobaltifères comme le gisement de Kalongwe, région de Kolwézi, Katanga, R.D.C.

 

Minéral 8-Cornétite fibro-radiée, R.D.C, Pierre Louis
Cornétite fibro-radiée, R.D.C, coll. et photo de Pierre Louis

 

– la Valentinite, oxyde d’antimoine, dédié à Basil Valentin, alchimiste allemand du 16° siècle, qui découvrit les propriétés de l’antimoine.

 

 

 

Notes

Note 1: Ce minerai, sulfure de mercure, s’exploitait alors dans la région minière du Laurion, au sud d’Athènes, dont les ressources minérales en argent, cuivre et plomb, contribuèrent, à la puissance d’Athènes durant la période Classique de l’Antiquité (5° siècle BC).

Note 2: Becquerel rangea dans un tiroir des plaques photographiques et des sels d’uranium pour des recherches sur la fluorescence. Quand il voulut réutiliser ses plaques, il découvrit qu’elles étaient devenues inutilisables car impressionnées et, ce, à l’abri de la lumière. Il s’agissait d’un nouveau rayonnement: la radioactivité.

Note 3: Pour ce relevé, Jules Cornet était seulement armé d’un bloc-notes et d’une paire de jumelles. Il observa qu’aux endroits où les locaux exploitaient du minerai de cuivre, la végétation avait complètement disparu. Il rechercha alors des points hauts et de là repéra les endroits dénudés qu’il supposa recouvrir des gisements de cuivre. Ce fut bien le cas.

Note 4: Extrait du cours de cristallographie de G. Cesaro de 1902 tel qu’utilisé par ses étudiants.

 

Extrait du cours de cristallographie de G. Cesaro de 1902

 

 

Sources bibliographiques :

 – La grande Encyclopédie des Minéraux, Pierre Bariand, Grund, 1987,

 – Minerals with a French Connection, Fr. Fontain et R. Martin, Association Minéralogique du Canada,2017,

 – Les minéraux de Belgique, F. Attert, M.Deliens, A.Fransolet et E.Van Der Meersche, Institut des Sciences Naturelles de Belgique, 2002,

 – Minéraux, le guide des passionnés, J.Lebocey, Edition du Piat, 2019,

 – List of all Minerals recognized by I.M.A., site Web <www.ima-mineralogy.org>, mars 2021,

 – Data base de Mindat, site Web <www.mindat.org>, mars 2021,

 – Liste I.M.A. des Minéraux de Belgique 2018, J.Lapaire, contributeur I.M.A.

 

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La minéralogie comme la volcanologie sont des sciences qui évoluent avec le temps au fur et à mesure de l’avancée de la recherche et des connaissances. Ce qui est vrai à un instant T peut être remis en cause le lendemain.

Philippe Thiran, l’auteur de ce post, se tient à disposition de ceux qui voudraient échanger à propos des notions géologiques présentées. Vous pouvez nous contacter pour avoir ses coordonnées personnelles.