Depuis 14h cet après-midi heure local, le cône éruptif du Piton de la Fournaise déborde à l’endroit où le bord son cratère est le plus bas, vers le sud-est. Une coulée bien alimentée s’épanche vers le sud sur plus de 500 m. À cette heure, elle est toujours alimentée…

Cet événement témoigne des variations du niveau de lave à l’intérieur du cône actif. L’activité explosive persiste depuis le début de l’éruption il y a quinze jours mais selon ce niveau, elle n’est pas toujours visible. Les projections qui retombent sur les flancs du cône continuent de le construire : il atteint 25 mètres de haut environ.

L’activité effusive continue, avec un débit moyen de 5 m3/s, ce qui est tout à fait classique pour ce volcan. Elle forme un champ de lave en aval du cône éruptif, au sud-sud-est, non loin des cônes formés lors de la dernière éruption. Le relief est assez plat dans le secteur, ce qui favorise l’épaississement et l’élargissement du champ de lave plutôt que son allongement.
Le réseau de tunnels de lave est toujours actif et alimente un champ de lave pahoehoe. Ce type de champ de lave se construisent par plusieurs écoulements éphémères en même temps, dont la lave lisse forme de belles sculptures naturelles. La lave se solidifie à l’endroit où elle arrive dans l’atmosphère et les écoulements sont en général assez lents : la lave ne subit donc que très peu de déformations, ce pourquoi elle garde son aspect lisse originel.
Les variations du débit éruptif, sans doute aussi à l’origine des variations du niveau de lave à l’intérieur du cône, engendrent parfois des surpressions dans le réseau de tunnels de lave. Ils se percent alors, à l’origine de coulées secondaires bien plus alimentées que les laves pahoehoe. La lave se déforme donc et perd son aspect lisse originel, ce qui forme des gratons (des sortes de grumeaux). Ces coulées s’épanchent tant qu’elles sont alimentées, ce qui ne dure jamais bien longtemps.

Sources : Laurent Perrier, OVPF
Ludovic Leduc, pour Objectif Volcans

Image d’archive : L. Chermette

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Le volcanisme sous-marin correspond à la grande majorité du volcanisme de notre planète, mais la profondeur des éruptions est souvent très importante et la pression contraint l’activité à n’être qu’effusive et donc imperceptible en surface !
Mais parfois, comme pour ce volcan tongien par exemple, la bouche éruptive se situe à faible profondeur sous la surface de l’océan : la pression n’est donc pas suffisante pour comprimer les gaz… les gaz volcaniques, qui sont contenus dans le magma, mais aussi les quantités incroyables de vapeurs d’eau que le contact entre la lave et l’eau de mer produit ! Ce type d’activité, que l’on appelle surtseyenne en référence à l’île islandaise de Surtsey, née lors de l’éruption de 1963-1967, est donc très violemment explosive !

L’éruption du Tonga a débuté dans la matinée du 20 décembre, de manière brusque et très intense, avec la formation d’un volumineux panache de vapeurs qui a atteint 16 km de haut ! Les explosions de ce premier jour ont été entendues à plus de 250 km de distance ! La teinte assez claire du panache témoigne de la prédominance de la vapeur d’eau, car les cendres produites par les explosions sont assez lourdes… Elles forment des gerbes cypressoïdes (de la forme d’un cyprès) de plusieurs centaines de mètres de haut puis retombent vers le sol, alimentant des coulées pyroclastiques (ou base surge) qui se développent de manière latérale autour de la bouche éruptive. Celles-ci parcourent quelques centaines de mètres et déposent une fine couche de cendres qui, à forces d’explosions, construisent un édifice assez plat.
En ce début d’année, l’activité éruptive se poursuit, de manière intermittente. La bouche éruptive se situe au nord-est de l’évent de l’éruption de 2014-2015 dont l’édifice avait permis de réunir les deux îles de ce volcan distante de 2 km environ. Cette activité aura au moins le mérite de le consolider, lui dont l’érosion marine le grignotait sérieusement.

Mis à part une perturbation du trafic aérien, cette éruption n’engendre pour l’instant aucun problème. Même si aucune chute de cendres n’a pour l’instant été répertoriée (l’île habitée la plus proche se situe à 60 km environ), les tongiens ont tout de même été conseillés de protéger leur réservoirs d’eau.

Ce serait vraiment dommage de passer à côté de ces deux superbes vidéos :

Vue d’un drone

Vue d’un bateau

Sources : Tonga Meteorological and Coastal Radio Services, Services géologiques de Tonga, Taaniela Kula
Ludovic Leduc, pour Objectif Volcans

 

Note de 80 Jours Voyages :

On retrouve également une activité surtseyenne au Krakatau en Indonésie, illustré avec notre vidéo ci-joint.

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Un article de P. Thiran

 

Préambule

Les explications concernant la radioactivité ont été volontairement simplifiées et certaines valeurs comme celles relatives aux normes sont susceptibles d’être modifiées. Actuellement, la physique quantique intervient dans les explications de ce phénomène.

Certains minéraux et quelques sables sont dits radioactifs, parce qu’ils possèdent la propriété physique appelée Radioactivité. Sommairement, celle-ci consiste en la transformation ou la désintégration spontanée de certains atomes avec émissions de rayonnements spécifiques et énergétiques. On parle alors de radioactivité naturelle, la radioactivité artificielle étant due à l’intervention de l’homme. Dans la suite, il ne sera question que de la première. Bien que ce phénomène existe depuis la naissance de l’univers et est la source principale de la chaleur interne de notre planète, elle ne fut mise en évidence qu’à la fin du 19° et au début du 20° siècle.

La découverte de la radioactivité

C’est d’abord, le physicien français Henri Becquerel qui découvrit que des sels d’uranium émettaient des radiations inexplicables. Ensuite, Pierre et Marie Curie mirent en évidence l’origine atomique du phénomène. Sa compréhension plus précise fut apportée par le physicien néo-zélandais Ernest Rutherford lequel souligna le rôle du noyau de l’atome et qualifia les rayonnements émis. Ce sont ces derniers qui nous concernent directement, vu leur impact biologique. Pour leur compréhension, il est nécessaire de se référer à la structure de l’atome et à la composition du noyau, lesquelles sont expliquées sommairement dans la note 1.

Le noyau atomique d’un élément radioactif

Dans la plupart des noyaux atomiques, le nombre de neutrons est égal à celui des protons ; de tels noyaux sont dits stables. Toutefois, pour certains noyaux, ce nombre excède celui des protons, ce qui crée une instabilité au sein de celui-ci, en particulier pour ceux de l’uranium et du thorium, source principale des radioéléments naturels. La transformation ou désintégration d’un de ces noyaux se produit spontanément et statistiquement à tout moment. Elle se poursuit en cascade jusqu’à l’obtention d’un noyau stable. Un exemple est donné dans la note 2.

Les trois types de rayonnements émis

  • alpha : consiste en l’expulsion du noyau de deux protons et deux neutrons, soit un noyau d’Hélium (deuxième élément atomique),
  • bêta : est caractérisée par l’expulsion d’un électron suite à une mutation d’un neutron en proton,
  • gamma : est une émission d’ondes électromagnétiques de fréquence et d’intensité supérieures aux rayons X.

Ces rayonnements sont émis à grande vitesse et sont dotés d’énergie. Leur pouvoir de pénétration est propre à chacun de ceux-ci :

  • l’alpha ne pénètre que dans quelques cm d’air et est stoppé par du papier bristol blanc,
  • le bêta pénètre plus profondément, soit quelques m d’air, et est stoppé par quelques mm d’aluminium,
  • le gamma est le plus pénétrant et n’est stoppé que par une épaisseur minimum de 5 cm de plomb.

La durée de vie d’un élément radioactif

Une autre caractéristique importante de la radioactivité est le temps durant lequel un radioélément reste dangereux.

Celui-ci est mesuré par la demi-vie qui exprime le temps moyen au bout duquel la moitié des noyaux d’un radioélément sont transformés ou désintégrés, ce qui signifie que sa radioactivité décroit progressivement. Ce temps est une constante pour un radioélément donné ; il varie de quelques secondes à des millions d’années.

En résumé, l’activité radioactive d’une source est caractérisée par :

  • la nature du rayonnement émis,
  • son énergie,
  • sa durée de vie,
  • son intensité, soit le nombre de désintégrations par seconde.

En outre, l’intensité est aussi fonction de la distance par rapport à la source radioactive. Elle décroit en fonction du carré de celle-ci. Ainsi en s’écartant de 3 m, l’intensité est divisée par 9.

La mesure de l’impact radioactif

Tout ce qui précède n’a pour but que de comprendre comment arriver à mesurer l’impact d’une source radioactive sur le corps humain et d’indiquer les précautions à prendre pour s’en protéger, en particulier par ceux qui s’intéressent aux minéraux et sables radioactifs. Pour la mesure de cet impact, deux paramètres sont pris en considération : l’intensité et la dose. La dose est la quantité d’énergie absorbée par unité de masse, soit la dose absorbée.

Pour les tissus vivants, l’effet biologique est aussi fonction du type de rayonnement. Pour en tenir compte, on a introduit la notion de la dose équivalente, baptisée dose efficace, laquelle est utilisée pour définir les niveaux de radioactivité et les normes. Elle s’exprime en sievert, le nom de son inventeur, (en pratique en milli ou micro-sievert) tandis que l’intensité est mesurée par le Becquerel, (en pratique par ses multiples). L’appareil de mesure le plus couramment utilisé est le compteur Geiger.

Appareil compteur Geiger, photo de Ph. Thiran

L’appareil compteur Geiger

Celui de la photo permet le comptage des désintégrations, la mesure des doses efficaces, et la différentiation de ces mesures par type de rayonnement. Il est étalonné en coups/sec pour l’intensité et en micro-sievert/heure pour les doses reçues par le corps humain c’est à dire la mesure de la dose efficace. Les doses qui nous atteignent sont de l’ordre de quelques milli-sievert par an. Elles sont la somme de la radioactivité qui nous entoure, laquelle varie selon les régions de 1 à 4 mSv/an (dose naturelle) et est essentiellement due au radon (voir note 3), et de celle liée à l’activité humaine laquelle est principalement due aux examens médicaux, qui représente en moyenne 2 mSv/an. Pour les individus, la norme est généralement de 5 mSv/an plus la dose naturelle, tandis que pour les professionnels, la norme fixe une limite horaire de 10 micro-sievert et annuelle de 20 milli-sievert. A noter qu’une dose ne devient source de troubles dans le corps humain qu’à partir d’une valeur de 1 Sv.

La radioactivité des minéraux et sables

La radioactivité des minéraux et sables est intimement liée à la présence d’uranium (U) et/ou de thorium (Th). Ces deux éléments sont présents de manière diffuse dans la croûte terrestre (de l’ordre de 3 g/t pour le premier et 12 g/t pour le second). Ils se retrouvent dans tous les types de roches. Les minéraux radioactifs sont soit des composés chimiques de l’U et/ou du Th, soit des minéraux incluant un ou des radioéléments. La plupart sont de couleurs vives, de taille centimétrique ou millimétrique ; certains sont fluorescents.

Les uranifères

Les composés de l’uranium, appelés les uranifères, sont les plus nombreux. Ceci est dû à sa facilité de combinaison chimique avec l’oxygène, le carbone, le soufre, la silice, le phosphore, le vanadium…. Selon Mindat, il y aurait actuellement 281 minéraux uranifères considérés comme validés par l’I.M.A. (International Minéral Association).

Parmi ceux-ci, figurent des minéraux comme :

  • oxydes et hydroxydes : l’uraninite, le plus riche en U et de couleur noir, la becquerelite, la masuite, la schoepite, …
  • phosphates : l’autunite (fluorescente) et la torbernite, fréquemment rencontrés en France, …
  • vanadates : la carnotite, …
  • silicates : les cuprosklodowskite, kasolite, soddyite, urophane,

Le thorium

Bien que le thorium soit présent dans de nombreuses roches et a une concentration plus élevée dans la croûte terrestre que l’uranium, les minéraux à base de thorium sont beaucoup moins nombreux : 25 seraient considérés comme validés par l’I M A.

Parmi ceux-ci :

  • oxydes : la thorianite,
  • phosphates : la monazite, source principale,
  • silicates : la thorite.

 Les photos ci-dessous illustrent certains de ces minéraux.

 

 

L’uranium et le thorium se substituent aussi à des atomes de minéraux et rendent ces derniers radioactifs. Ainsi, dans le zircon (silicate de zirconium), certains atomes sont remplacés par celui d’uranium. Ceci explique le niveau relativement élevé de la radioactivité des granites en Bretagne, par exemple. Ces minéraux proviennent essentiellement de sites miniers fermés ou en exploitation.

Les sites miniers radioactifs

Parmi les sites qui ne sont plus exploités, deux sont célèbres :

  • Jachymov en Tchéquie, qui permit la découverte du radium par les Curie au départ de la pechblende,
  • Shinkolobwe en RDC, la plus riche mine d’U au monde avec l’uraninite comme minerai primaire, fut la source principale d’U pour les premières applications civiles et militaires de l’énergie nucléaire.

La France puisa son combustible nucléaire dans de multiples petits gisements situés dans le Massif Central, le massif Armoricain et les Vosges. Leurs installations d’exploitation ont été démantelées. Actuellement, c’est le Kazakhstan qui est le producteur principal. Il est suivi par le Canada, l’Australie et la Namibie. L’ensemble de ces producteurs représente environ 80% de la production mondiale dont environ 40% pour le Kazakhstan.

 

La radioactivité de certains sables

En ce qui concerne la radioactivité de certains sables, elle provient de l’érosion des roches contenant des minéraux radioactifs, de résidus d’exploitations minières, de contaminations des sols et des eaux suite à un accident nucléaire. Dans les plages des bords de mer, de lac et dans les rivières, on trouvera des grains de zircon, de monazite, de thorianite,… tandis que dans les stériles miniers, ce sera de la torbernite, de l’autunite (facilement détectable car elle est fluorescente), de l’urophane … Les plages reconnues sont celles Guarapari au Brésil, de Amritapuri dans le Kérala en Inde, de l’Espiguette dans les bouches du Rhône en France. Les sources thermales de Ramsar en Iran sont aussi reconnues comme ayant une radioactivité élevée.

Les deux images ci-dessous illustrent deux sables provenant de stériles miniers.

Sable d’Autinite collection Ph. Thiran, photo P.Louis.

 

Sable de Tobernite collection Ph. Thiran, photo P.Louis.

 

En conclusion

Il est faisable de s’intéresser aux minéraux et sables supposés radioactifs en tenant compte des facteurs suivants :

  • la diminution de l’intensité des rayonnements par la distance et par l’interposition d’écrans,
  • la durée de l’exposition, après avoir mesuré la dose efficace reçue par unité de temps, (micro-sievert par heure),
  • l’aération du stockage.

Et pour autant que l’on ait la possibilité de mesurer la radioactivité résiduelle, après avoir pris les mesures de protection.

 

Notes

Note 1. Tel que suggéré par des philosophes grecs 450 ans avant notre ère, l’atome était encore au début du XX° siècle considéré comme le plus petit élément de la matière. Le physicien danois Niels Bohr proposa le premier une structure de l’atome, dans laquelle, autour du noyau, gravitent des électrons sur différentes orbites. Le noyau lui-même est un agrégat de deux petites particules : le proton et le neutron et est chargé positivement. Les électrons étant chargés négativement, l’atome est électriquement stable. 92 atomes naturels ont été recensés et classifiés par le physicien russe Mendeleev dans son célèbre tableau. Le premier est l’hydrogène, suivi de l’hélium, et le 92° est l’uranium précédé du thorium (90°).

Note 2.  Ainsi, pour l’uranium, ce n’est qu’au bout d’une cascade de 14 désintégrations qu’est obtenu un noyau stable, celui du plomb. Le radium et le radon, deux éléments importants le premier médicalement, le second par sa nature gazeuse, sont produits dans cette cascade.

Note 3.  La nature gazeuse du radon le rend particulièrement dangereux. Inhalé, il attaque les poumons avec les particules alphas qu’il émet en se désagrégeant. Comme il émane spontanément du sol, il est donc essentiel d’éviter sa concentration, notamment dans les caves. D’où la nécessité d’aération de celle-ci.

Sources bibliographiques

  • Physique Nucléaire, extrait du cours de Physique de 6° Secondaire,  Y. Verbist, L. Nachtergaele et E. Thiran,  2018,
  • Articles sur la radioactivité, extraits de bulletins du GEST, Robert Six, 2009 à 2015,
  • Minéraux uranifères, hors-série 2009 de la revue Minéraux et Fossiles,
  • Data base de Mindat, site web <www.mindat.org>, novembre 2021,
  • List of Minerals recognized by I.M.A., site web <www.ima-mineralogy.org>, novembre 2021,

 

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La minéralogie comme la volcanologie sont des sciences qui évoluent avec le temps au fur et à mesure de l’avancée de la recherche et des connaissances. Ce qui est vrai à un instant T peut être remis en cause le lendemain. Philippe Thiran, l’auteur de ce post, se tient à disposition de ceux qui voudraient échanger à propos des notions géologiques présentées. Vous pouvez nous contacter pour avoir ses coordonnées personnelles.

Comme expliqué dans la publication d’hier le 21/12/2021, l’éruption du Piton de la Fournaise est tout à fait classique, avec l’ouverture d’une fissure éruptive qui, progressivement, s’atténue au profit d’une bouche éruptive. C’est ce qu’il s’est passé aujourd’hui et ce soir, il ne reste qu’un seul évent actif autour duquel une fontaine de lave assez intense, haute de 60 mètres environ, commence à former un cône.

L’extinction des autres évents ont entraîné l’arrêt de leurs coulées de lave respectives. Il ne demeure donc que celle alimentée par l’évent actif…

Comme toutes les éruptions volcaniques, il est impossible de savoir combien de temps l’éruption va durer, de quelques heures à plusieurs semaines… Nous verrons !

Sources : Laurent Perrier, OVPF
Ludovic Leduc, pour Objectif Volcans

Image d’archive : L. Chermette

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Le PITON DE LA FOURNAISE est entré en éruption cette nuit. Après un peu plus de deux heures de crise sismique, le trémor est apparu à 3h30 heure locale, signe de l’arrivée du magma en surface. Il a augmenté pendant une heure, accompagnant l’ouverture de la fissure éruptive qui s’étend sur 800 mètres de long, divisée en quatre échelons distincts, à la base sud du cône sommital.
Elle débute juste sous le Piton Kala et Pélé, un cône imposant de ce secteur sud de l’Enclos, à environ 1 km à l’ouest du Château-Fort, dans le secteur le plus actif de l’Enclos de ces dernières années donc !
L’activité est mixte : explosive au niveau de cette fissure, avec des fontaines de lave qui projettent la lave à 20-30 mètres de haut environ, et des coulées de lave qui s’épanchent vers le sud-est en direction du site de la dernière éruption (avril-mai 2021) qui se trouve à 1 km de la bouche éruptive la plus basse.
À 8h30, l’observatoire volcanologique notait que les quatre échelons étaient encore actifs, mais que l’activité semblait être plus importante sur la partie basse de cette fissure éruptive. Cela va dans la logique d’une stabilisation de l’activité en un endroit de cette fissure, endroit où va se construire un cône si l’activité dure… Les coulées de lave vont, elles, s’étaler sur le plat de l’Enclos et il faudrait une alimentation stable et importante que les coulées gagnent les Grandes Pentes qui sont… loin !
L’éruption étant localisée à l’intérieur de l’Enclos, elle n’engendre aucun risque direct pour les habitants. Elle devrait plutôt permettre à de nombreux curieux d’admirer le spectacle, même si la météo ne semble pas trop au rendez-vous ! Soyez prudent !
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le déroulement classique d’une éruption de ce volcan, je vous propose un film pédagogique que j’ai réalisé : Une éruption classique à la Réunion
Source : OVPF
Ludovic Leduc, pour Objectif Volcans
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Hier, à Cumbra Vieja vers 21h, le trémor éruptif a disparu, signifiant l’arrêt de l’alimentation en magma. C’est la plus longue pause enregistrée depuis le début de l’éruption, mais on ne peut pas encore décréter que l’éruption est terminée, celle-ci pouvant tout à fait reprendre dans quelques heures ou jours…

Quoi qu’il en soit, les dernières heures ont été intenses ! Plusieurs épisodes d’activité impressionnante ont été remarqué depuis dimanche, à l’origine de colonnes de cendres atteignant 5 à 6 km d’altitude ! Cette activité intermittente fait suite à une relative stabilité depuis le début de la semaine dernière, avec une activité explosive très modeste, un panache de dégazage d’un peu plus de 1000 m de haut, un activité effusive stable dans la zone centrale du champ de lave, une sismicité assez faible, une baisse progressive du SO2 (un gaz que l’on peut relier au débit éruptif) depuis quelques semaines…
Alors, comment expliquer cette activité discontinue ? Ce n’est évidemment qu’une hypothèse de ma part, mais il se pourrait qu’une sorte de bouchon se forme au sommet du conduit éruptif lorsque l’activité explosive est réduite, un bouchon sous lequel les gaz magmatiques s’accumuleraient… avant de céder ! Alors, cet arrêt de l’activité en ce moment n’est-il qu’une pause avant un nouvel épisode intense, ou bel et bien la fin de l’éruption ? Patience, nous le saurons prochainement…

Hier encore, l’éruption a perturbé les habitants de l’île du fait de la détérioration de la qualité de l’air à cause de la présence de SO2 en concentrations trop importantes, obligeant plus de 30 000 personnes à se calfeutrer chez elles toute la matinée !

Même si l’éruption ne peut être considérée comme terminée, elle peut d’ores et déjà être considérée comme une éruption record, et ce sur la base de plusieurs paramètres :

  • 86 jours d’activité : c’est au moins deux jours de plus que l’éruption historique la plus longue sur l’île, celle de Tehuya en 1585 ;
  • 1225 ha recouverts par les laves : le double du champ de lave historique le plus grand, celui de Tigalate en 1646 ;
  • 2896 bâtiments touchés : un chiffre incomparable à celui des éruptions précédentes évidemment, la population n’étant pas aussi importante…

Sources : INVOLCAN, IGN, IGME, 20 minutes, Copernicus
Ludovic Leduc, pour Objectif Volcans

 

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Le débit d’une éruption n’est jamais parfaitement stable. Celle de La Cumbre Vieja, en cours depuis plus de 70 jours, n’est pas une exception : des pulses d’activité peuvent être remarqués, à l’origine d’une activité explosive très variable dans le temps ! Mais parfois, il semble que les évents au niveau du cône éruptif n’arrivent pas à évacuer l’intégralité de la pression magmatique, ce qui engendre l’apparition de nouveaux points de sortie. C’est arrivé jeudi matin dernier, au sud du cône, à l’origine d’une coulée qui longea la bordure sud du champ de lave, passant notamment dans le cimetière de Las Manchas… Comme pour les précédents évents secondaires, l’activité s’est arrêtée en quelques heures.
Un nouvel épisode a eu lieu dimanche, vers 3h du matin, avec l’ouverture de plusieurs évents qui ont éventré le cône dans sa partie nord. Mais à la différence des événements précédents, une de ces bouches a totalement monopolisé l’activité, si bien que lundi, les évents principaux au niveau du cône éruptif n’était plus actifs ! L’activité a depuis repris, au moins sur la bouche explosive principale, mais l’évent secondaire est toujours très actif, avec de belles fontaines de lave qui construisent un cône attenant au cône principal (voir vidéos en commentaire). Les coulées émises par cet évent s’épanchent sur la partie nord du champ de lave, principalement sur les coulées précédentes, bien qu’elles menacent tout de même le village de La Laguna…

La surface recouverte par les coulées de lave est de plus de 1134 hectares, pour 2786 bâtiments touchés. À noter également que les plateformes littorales ne sont plus alimentées à l’heure d’aujourd’hui.
En plus des dégâts matériels, l’éruption gêne toujours les habitants, que ce soit par la sismicité, avec quelques séismes ressentis quotidiennement, mais aussi à cause des cendres (pour l’aéroport notamment) et des gaz dont les concentrations dépassent parfois le seuil d’alerte pour la santé.

Sources : INVOLCAN, IGNspain, Copernicus
Ludovic Leduc, pour Objectif Volcans

 

https://youtu.be/jISuYKxWark

 

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Des restrictions d’accès sur l’île de VULCANO (Îles Éoliennes, Italie) – Mais que se passe-t-il ?
Cette petite île située au nord de la Sicile est bien connue pour ses fumerolles qui forment de jolis dépôts soufrés au bord du cratère de La Fossa, dépôts que l’on pouvait jusqu’alors observer en toute liberté…
Mais depuis juillet, certains paramètres volcanologiques ont nettement augmenté et posent problème :
La température des fumerolles : l’augmentation est de plus de 100°C à certains endroits, avec un maximum à 340°C. C’est important, même si on est encore loin des températures enregistrées en 1993 : 690°C !
La quantité de gaz émis : le flux de SO2 est d’environ 110 tonnes/jour (contre 20-30 tonnes/jour habituellement) et celui de CO2 est de 480 tonnes/jour (contre 80 tonnes/jour en temps normal).
La sismicité : augmentation de la microsismicité superficielle, associée à des séismes appelés VLP, engendrés par le passage de ces gaz en plus grande quantité dans le volcan, qui n’avaient jamais été enregistrés sur ce volcan.
La déformation du sol : un gonflement du volcan a été repéré à partir de la mi-août même s’il s’est depuis arrêté…
Ces différents paramètres indiquent que le volcan est dans un état d’agitation, obligeant les autorités à passer au niveau d’alerte « jaune » le 1er octobre. Le sommet de La Fossa s’en trouva alors interdit et de nouveaux instruments furent installés pour mieux surveiller le volcan…
Et si les différents paramètres semblent marquer le pas en novembre, les concentrations en gaz dans le village au pied du cône sont importantes à certains endroits, à l’origine de gênes respiratoires pour certains habitants, la mort de certains animaux…  C’est pourquoi le maire de Lipari a pris la décision d’interdire aux habitants de ce secteur d’y passer la nuit…
C’est le CO2 qui pose problème, un gaz inodore, incolore et surtout plus lourd que l’air ! 250 personnes vont devoir déménager dans des maisons et hôtels des secteurs plus sûrs de l’île…
Le système hydrothermal du volcan est donc plus actif depuis un peu plus de deux mois. C’est déjà arrivé par le passé, comme entre 1987 et 1993 sans que cela ne débouche sur une éruption. Cet état d’agitation peut aussi être un précurseur d’une future activité éruptive… Plusieurs mois avant la dernière éruption, en 1888-1890, les mineurs qui travaillaient autour des fumerolles ne purent s’y rendre, la faute à des températures trop importantes et une atmosphère irrespirable ! À suivre donc…
Quoi qu’il en soit, cette activité inhabituelle pourrait durer un moment et embêter les locaux, et le tourisme, durablement…
Source : INGV
Ludovic Leduc, pour Objectif Volcans
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Découvrez notre vidéo sur l’Etna
https://www.youtube.com/watch?v=EwnN4cWxhFI&t=232s

Un article de P. Thiran

 

Préambule

Cette chronique se rattache à la chronique 5 – Pourquoi s’intéresser aux sables et les collectionner?-, dont la relecture facilitera celle de la présente chronique.

 

Que sont les tephras

Les volcans sont émetteurs de matières solides, de différentes dimensions, appelées – téphras – à coté de matières liquides plus ou moins visqueuses appelées – laves -.

Les tephras se distinguent par leurs dimensions et sont classés selon leur granulométrie:

  • les blocs et les bombes, supérieure à 64 mm
  • les lapilli, comprise entre 64 et 2 mm
  • les cendres, inférieure à 2 mm, ce qui correspond à la granulométrie du matériau – sable -.

C’est pourquoi les arénophiles s’intéressent aussi aux cendres volcaniques qu’ils ont baptisées – sables volcaniques -. Cet intérêt se justifie parce que leur contenu reflète la composition du magma et de son encaissant, et présente une diversité de fragments de roches et de minéraux, lesquels sont parfois cristallisés.

 

Les roches et minéraux dans les cendres volcaniques

Parmi les fragments de roches, on trouvera du basalte, de l’andésite, de la rhyolite, des ponces et des obsidiennes.

Quant aux minéraux, le plus fréquemment rencontré est l’olivine, solution solide d’un silicate ferro-magnésien, dont le pôle ferrique est la fayalite et le pôle magnésien la fostérite. Viennent ensuite les pyroxènes (augite) et les amphiboles (hornblende), les feldspaths (sanidine), les micas (muscovite,biotite), le quartz et le soufre.

Les différentes origines de ces minéraux

  • la cristallisation “fractionnée” dans le magma, qui donne naissance en premier lieu au groupe de l’olivine,
  • les cristallisations secondaires dans les dépôts des éjectas,
  • l’arrachement hors des roches par l’érosion,
  • les apports de l’encaissant lors de la remontée du magma.

 

Où récolter les sables volcaniques

  • autour des cratères et sur les flancs des volcans,
  • sur les aires des retombées,
  • sur les plages le long des mers et les rives des lacs,
  • autour des geysers et des évents des champs hydrothermaux.

Autour de ces derniers, c’est la geyserite, un dioxyde de silice, minéral le plus abondant, généralement entouré de soufre.

A noter que sur les aires de retombées et les plages, il est difficile d’identifier le volcan à l’origine des dépôts. Il peut s’agir en effet, de retombées directes d’un volcan voisin, mais aussi de dépôts éoliens de cendres de volcans éloignés. Dans ces dépôts, les cendres ont une granulométrie fine inférieure à 0,5 mm, et quasi uniforme.

 

Les sables volcaniques en image

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les sables volcaniques ne sont pas uniformément noirs ou gris comme les cendres basaltiques (photo 1).

 

Ainsi, les cendres rhyolitiques sont blanchâtres (photo 2).

Avec les minéraux, ils offrent une palette de couleurs qui comprend notamment le jaune ou le vert transparent des olivines, les nuances de noir et d’orangé des obsidiennes, le blanc plus ou moins jaunâtre des ponces, ainsi que d’autres mélanges colorés illustrés par les images de sables volcaniques ci-après:

  • le sable “vert” de la plage Kalae de l’île hawaïenne de Big Island, constitué à plus de 90% d’olivine jaune-vert translucide, (photo 3),

  • le sable noir piqueté d’or de la plage de Saõ Felipe sur île de Fogo de l’archipel du Cap-Vert, (photo 4),

  • le sable d’obsidienne orangée de la carrière Jraber en Arménie, (photo 5),

  • le sable de pyroxènes noirs et verts translucides du golfe de Salerne en Italie (photo 6),

  • le sable blanc des ponces du Mont Pilato sur l’île de Lipari de l’archipel des Eoliennes (photo 7),

  • le sable coloré de la plage de Monterrico au Guatemala (photo 8).

 

Sources bibliographiques :

– Volcanologie, par Jacques-Marie Bardintzeff, 6° édition, en particulier pour ce qui concerne les retombées,

– Le Sable et ses mystères, par Jacques Lapaire et Paul Miéville, pour ce qui concerne les sables volcaniques et les lieux de récolte.

 

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La minéralogie comme la volcanologie sont des sciences qui évoluent avec le temps au fur et à mesure de l’avancée de la recherche et des connaissances. Ce qui est vrai à un instant T peut être remis en cause le lendemain. Philippe Thiran, l’auteur de ce post, se tient à disposition de ceux qui voudraient échanger à propos des notions géologiques présentées. Vous pouvez nous contacter pour avoir ses coordonnées personnelles.

 

Un article de P. Thiran

 

Avant-Propos

Selon les souvenirs de chacun, le sable rappelle des plages en bord de mers ou de lacs, des dunes à l’arrière de plages, des déserts et leurs dunes, des sablières voire des chantiers de construction. Quant à collectionner des sables, les motivations sont diverses: souvenirs de lieux de vacances, témoins des plages ou des dunes  d’une région ou d’un pays, création d’une palette de couleurs de nuances infinies, observation et étude du contenu minéral et/ou organique.

Définition du sable

L’origine du sable a été expliquée dans la chronique 4. On en déduit que le sable peut se définir comme un assemblage meuble de fragments de roches, de minéraux et d’organismes vivants fossilisés. Ces fragments sont appelés grains. En tant que matériau, le sable est défini par la granulométrie de ses grains qui est comprise entre 2 et 0,063 mm (voir note 1). Au-dessus de 2 mm, on parle de graviers, puis de galets et de blocs; en dessous de 0,063 mm, de limon et d’argile. A partir de cette définition, les arénophiles considèrent que, parmi les éjectas des volcans, ceux appelés cendres dont la fraction dite sableuse a une granulométrie similaire, font aussi partie des sables de collection. (voir note 2)

Où se trouve le sable

Les dépôts de sable se rencontrent principalement aux bords et sur les fonds des mers et océans, et dans les déserts sous forme de dunes principalement. Ils se rencontrent aussi sur les rives des lacs et des rivières, dans le lit de celles-ci, dans certaines carrières (les sablières), dans les stériles miniers et les régions volcaniques. Deux modes de transport créent ces dépôts: l’hydraulique par les cours d’eau et les courants marins, et l’éolien par le vent. Le transport peut atteindre des milliers de km. Il altère la forme et l’aspect des grains. Ainsi selon la distance et le mode de transport, les grains seront d’une part, anguleux, émoussés (partiellement usés) ou arrondis, et d’autre part, mats ou brillants. Un grain arrondi et mat sera toujours la preuve d’un transport éolien, tandis que les autres formes et aspects le seront d’un transport hydraulique. Dans les deux modes, le degré d’usure augmente avec la distance et la brillance des grains de plage avec les mouvements successifs des courants marins.

Le contenu des sables

Le contenu des sables est très varié. Ainsi, sur une plage en bord de mer, on trouvera ici des fragments de roches et de minéraux, là des débris de coquillages, ailleurs un mélange des deux. On trouvera également des morceaux de coraux, de bryosoaires, d’organes d’invertébrés comme des antennes de crustacés, des squelettes d’éponges ou spicules, des piquants d’oursins ou radioles et surtout des organismes unicellulaires entiers: les foraminifères. Se rencontrent également des morceaux de verres  colorés, plus ou moins polis, des billes de peintures réfléchissantes utilisées pour le marquage routier et autres déchets solides. En outre, le contenu peut varier au gré des saisons, notamment en fonction des courants marins.

La photo 1 montre un sable de plage formé de minéraux et la 2 de fragments polis de coraux et d’autres invertébrés (gastéropodes et bivalves).

 

Image 1 : sable de plage détritique Photo et coll. Ph. Thiran

 

Image 2 : sable de plage organique Photo et coll. Ph. Thiran

 

Dans les rivières par contre, le contenu sera entièrement minéral et les dunes des déserts ne contiendront que du quartz.

Un sable de rivière, aux grains anguleux, est illustré sur la photo 3 et un sable  de dune de désert, aux grains arrondis et mats, sur la photo 4.

 

Image 3 : sable de rivière Photo et coll. Ph. Thiran

 

Image 4 : sable de dune de désert Photo et coll. Ph. Thiran

 

Quels sont les minéraux susceptibles de se retrouver dans les sables?

Ce sont des minéraux qui résistent à l’abrasion par leur dureté, à la décomposition par l’eau et les acides faibles par leur composition. Ce sont donc les minéraux durs qui ont le plus de chance de se retrouver dans les sables. Exception faite toutefois pour les micas, groupe de minéraux tendres, trouvés le plus souvent dans les cours d’eau. Par ordre de fréquence décroissante, citons le quartz qui constitue souvent plus de 90% du contenu minéral. Ensuite les minéraux lourds comme la magnétite et les grenats, et, malgré leur légèreté, les micas blancs et noirs. Puis d’autres minéraux lourds comme les béryls, les spinelles et les zircons.

La photo 5 montre un sable à grenats roses, à magnétite noire et saphirs bleus.

 

Image 5 : sable de plage à minéraux lourds Photo et coll. Ph. Thiran

Le contenu organique du sable

Quant au contenu organique, l’intérêt se porte principalement sur les foraminifères que l’on trouve entiers dans les sables marins du monde entier, grâce à leur petite taille et à la bonne conservation de leur test. Il en existe plusieurs milliers d’espèces avec une diversité infinie de forme. C’est donc un plaisir pour les arénophiles de les observer et les collectionner. Etant donné leur existence en continu depuis environ 500 millions d’années, ils constituent des repères stratigraphiques de choix pour les géologues.

Des foraminifères, appelés numulites, sont montrés sur un sable de plage à la photo 6.

 

Image 6 : sable de plage à foraminifères Photo et coll. Ph. Thiran

 

Quelques plages sont devenues célèbres grâce au contenu de leur sable

– plages de Vendée tapissées de divers types de grenats dans les tons roses, oranges et rouges, parmi lesquels se cachent des saphirs bleus,

– plages de l’île d’Elbe couvertes d’hématites et de magnétites noires,

– plages d’Hawaï, couvertes d’olivines jaune-vert translucides, dont une de Big Island est illustrée sur la photo 7,

– plages des îles de l’archipel d’Okinawa où s’étalent des foraminifères étoilés dits “Stars Sands” que s’arrachent les collectionneurs.

 

Image 7 : sable de plage à olivine Photo et coll. Ph. Thiran

 

Certains cours d’eau d’Auvergne charrient des minéraux lourds dont des béryls, des corindons et des zircons. Celui de la photo 8 charrie notamment des zircons, grains brillants rouges et brun-clair.

 

Image 8 : sable de rivière à minéraux lourds Photo et coll. Ph. Thiran

 

Les sables recueillis sur les fonds marins sont étonnamment riches en invertébrés fossilisés, bien souvent complets qu’il s’agissent de bivalves ou de gastéropodes, et en foraminifères variés. Un de ces sables est illustré sur la photo 9.

 

Image 9 : sable de fond marin Photo et coll. Ph. Thiran

 

 

Quant à l’intérêt de collectionner des sables, diverses motivations sont évoquées au début de cette chronique.

En outre, l’amateur de minéraux et/ou de fossiles peut ainsi se constituer une collection peu encombrante mais limitée quant au nombre de différents éléments  et qui nécessite l’usage d’un microscope binoculaire pour l’observation.

Notes

Note 1 – Erratum Chronique 4 – le Cycle Géologique du Sable. Concernant la granulométrie des grains, il convient de lire que celle-ci est comprise entre 0,063 et non 0,63 et 2 mm.

Note 2 – Référence: Volcanologie, par Jacques-Marie Bardintzeff, 6° édition, chapitre 8 : Granulométrie des retombées.

Note 3 – les sables ont été photographiés par l’auteur de cet article et font partie de sa collection personnelle. Le grossissement des grains est compris entre 15 et 20.

 

Sources bibliographiques:

  • Le Sable et ses mystères, par J. Lapaire et P. Melville, 2012.
  • Le Cahier des Micromonteurs-Spécial Sables, n° 104, 02/2009.
  • Atlas des Sables, volume 1 et 2, par J. Lapaire, 2017 et 2020.

 

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La minéralogie comme la volcanologie sont des sciences qui évoluent avec le temps au fur et à mesure de l’avancée de la recherche et des connaissances. Ce qui est vrai à un instant T peut être remis en cause le lendemain.

Philippe Thiran, l’auteur de ce post, se tient à disposition de ceux qui voudraient échanger à propos des notions géologiques présentées. Vous pouvez nous contacter pour avoir ses coordonnées personnelles.

 

Découvrez l’article de Futura Sciences sur le sable