Chronique 6 : Les sables volcaniques

Un article de P. Thiran

 

Préambule

Cette chronique se rattache à la chronique 5 – Pourquoi s’intéresser aux sables et les collectionner?-, dont la relecture facilitera celle de la présente chronique.

 

Que sont les tephras

Les volcans sont émetteurs de matières solides, de différentes dimensions, appelées – téphras – à coté de matières liquides plus ou moins visqueuses appelées – laves -.

Les tephras se distinguent par leurs dimensions et sont classés selon leur granulométrie:

  • les blocs et les bombes, supérieure à 64 mm
  • les lapilli, comprise entre 64 et 2 mm
  • les cendres, inférieure à 2 mm, ce qui correspond à la granulométrie du matériau – sable -.

C’est pourquoi les arénophiles s’intéressent aussi aux cendres volcaniques qu’ils ont baptisées – sables volcaniques -. Cet intérêt se justifie parce que leur contenu reflète la composition du magma et de son encaissant, et présente une diversité de fragments de roches et de minéraux, lesquels sont parfois cristallisés.

 

Les roches et minéraux dans les cendres volcaniques

Parmi les fragments de roches, on trouvera du basalte, de l’andésite, de la rhyolite, des ponces et des obsidiennes.

Quant aux minéraux, le plus fréquemment rencontré est l’olivine, solution solide d’un silicate ferro-magnésien, dont le pôle ferrique est la fayalite et le pôle magnésien la fostérite. Viennent ensuite les pyroxènes (augite) et les amphiboles (hornblende), les feldspaths (sanidine), les micas (muscovite,biotite), le quartz et le soufre.

Les différentes origines de ces minéraux

  • la cristallisation “fractionnée” dans le magma, qui donne naissance en premier lieu au groupe de l’olivine,
  • les cristallisations secondaires dans les dépôts des éjectas,
  • l’arrachement hors des roches par l’érosion,
  • les apports de l’encaissant lors de la remontée du magma.

 

Où récolter les sables volcaniques

  • autour des cratères et sur les flancs des volcans,
  • sur les aires des retombées,
  • sur les plages le long des mers et les rives des lacs,
  • autour des geysers et des évents des champs hydrothermaux.

Autour de ces derniers, c’est la geyserite, un dioxyde de silice, minéral le plus abondant, généralement entouré de soufre.

A noter que sur les aires de retombées et les plages, il est difficile d’identifier le volcan à l’origine des dépôts. Il peut s’agir en effet, de retombées directes d’un volcan voisin, mais aussi de dépôts éoliens de cendres de volcans éloignés. Dans ces dépôts, les cendres ont une granulométrie fine inférieure à 0,5 mm, et quasi uniforme.

 

Les sables volcaniques en image

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les sables volcaniques ne sont pas uniformément noirs ou gris comme les cendres basaltiques (photo 1).

 

Ainsi, les cendres rhyolitiques sont blanchâtres (photo 2).

Avec les minéraux, ils offrent une palette de couleurs qui comprend notamment le jaune ou le vert transparent des olivines, les nuances de noir et d’orangé des obsidiennes, le blanc plus ou moins jaunâtre des ponces, ainsi que d’autres mélanges colorés illustrés par les images de sables volcaniques ci-après:

  • le sable “vert” de la plage Kalae de l’île hawaïenne de Big Island, constitué à plus de 90% d’olivine jaune-vert translucide, (photo 3),

  • le sable noir piqueté d’or de la plage de Saõ Felipe sur île de Fogo de l’archipel du Cap-Vert, (photo 4),

  • le sable d’obsidienne orangée de la carrière Jraber en Arménie, (photo 5),

  • le sable de pyroxènes noirs et verts translucides du golfe de Salerne en Italie (photo 6),

  • le sable blanc des ponces du Mont Pilato sur l’île de Lipari de l’archipel des Eoliennes (photo 7),

  • le sable coloré de la plage de Monterrico au Guatemala (photo 8).

 

Sources bibliographiques :

– Volcanologie, par Jacques-Marie Bardintzeff, 6° édition, en particulier pour ce qui concerne les retombées,

– Le Sable et ses mystères, par Jacques Lapaire et Paul Miéville, pour ce qui concerne les sables volcaniques et les lieux de récolte.

 

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La minéralogie comme la volcanologie sont des sciences qui évoluent avec le temps au fur et à mesure de l’avancée de la recherche et des connaissances. Ce qui est vrai à un instant T peut être remis en cause le lendemain. Philippe Thiran, l’auteur de ce post, se tient à disposition de ceux qui voudraient échanger à propos des notions géologiques présentées. Vous pouvez nous contacter pour avoir ses coordonnées personnelles.

 

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