Hier, à Cumbra Vieja vers 21h, le trémor éruptif a disparu, signifiant l’arrêt de l’alimentation en magma. C’est la plus longue pause enregistrée depuis le début de l’éruption, mais on ne peut pas encore décréter que l’éruption est terminée, celle-ci pouvant tout à fait reprendre dans quelques heures ou jours…

Quoi qu’il en soit, les dernières heures ont été intenses ! Plusieurs épisodes d’activité impressionnante ont été remarqué depuis dimanche, à l’origine de colonnes de cendres atteignant 5 à 6 km d’altitude ! Cette activité intermittente fait suite à une relative stabilité depuis le début de la semaine dernière, avec une activité explosive très modeste, un panache de dégazage d’un peu plus de 1000 m de haut, un activité effusive stable dans la zone centrale du champ de lave, une sismicité assez faible, une baisse progressive du SO2 (un gaz que l’on peut relier au débit éruptif) depuis quelques semaines…
Alors, comment expliquer cette activité discontinue ? Ce n’est évidemment qu’une hypothèse de ma part, mais il se pourrait qu’une sorte de bouchon se forme au sommet du conduit éruptif lorsque l’activité explosive est réduite, un bouchon sous lequel les gaz magmatiques s’accumuleraient… avant de céder ! Alors, cet arrêt de l’activité en ce moment n’est-il qu’une pause avant un nouvel épisode intense, ou bel et bien la fin de l’éruption ? Patience, nous le saurons prochainement…

Hier encore, l’éruption a perturbé les habitants de l’île du fait de la détérioration de la qualité de l’air à cause de la présence de SO2 en concentrations trop importantes, obligeant plus de 30 000 personnes à se calfeutrer chez elles toute la matinée !

Même si l’éruption ne peut être considérée comme terminée, elle peut d’ores et déjà être considérée comme une éruption record, et ce sur la base de plusieurs paramètres :

  • 86 jours d’activité : c’est au moins deux jours de plus que l’éruption historique la plus longue sur l’île, celle de Tehuya en 1585 ;
  • 1225 ha recouverts par les laves : le double du champ de lave historique le plus grand, celui de Tigalate en 1646 ;
  • 2896 bâtiments touchés : un chiffre incomparable à celui des éruptions précédentes évidemment, la population n’étant pas aussi importante…

Sources : INVOLCAN, IGN, IGME, 20 minutes, Copernicus
Ludovic Leduc, pour Objectif Volcans

 

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Le débit d’une éruption n’est jamais parfaitement stable. Celle de La Cumbre Vieja, en cours depuis plus de 70 jours, n’est pas une exception : des pulses d’activité peuvent être remarqués, à l’origine d’une activité explosive très variable dans le temps ! Mais parfois, il semble que les évents au niveau du cône éruptif n’arrivent pas à évacuer l’intégralité de la pression magmatique, ce qui engendre l’apparition de nouveaux points de sortie. C’est arrivé jeudi matin dernier, au sud du cône, à l’origine d’une coulée qui longea la bordure sud du champ de lave, passant notamment dans le cimetière de Las Manchas… Comme pour les précédents évents secondaires, l’activité s’est arrêtée en quelques heures.
Un nouvel épisode a eu lieu dimanche, vers 3h du matin, avec l’ouverture de plusieurs évents qui ont éventré le cône dans sa partie nord. Mais à la différence des événements précédents, une de ces bouches a totalement monopolisé l’activité, si bien que lundi, les évents principaux au niveau du cône éruptif n’était plus actifs ! L’activité a depuis repris, au moins sur la bouche explosive principale, mais l’évent secondaire est toujours très actif, avec de belles fontaines de lave qui construisent un cône attenant au cône principal (voir vidéos en commentaire). Les coulées émises par cet évent s’épanchent sur la partie nord du champ de lave, principalement sur les coulées précédentes, bien qu’elles menacent tout de même le village de La Laguna…

La surface recouverte par les coulées de lave est de plus de 1134 hectares, pour 2786 bâtiments touchés. À noter également que les plateformes littorales ne sont plus alimentées à l’heure d’aujourd’hui.
En plus des dégâts matériels, l’éruption gêne toujours les habitants, que ce soit par la sismicité, avec quelques séismes ressentis quotidiennement, mais aussi à cause des cendres (pour l’aéroport notamment) et des gaz dont les concentrations dépassent parfois le seuil d’alerte pour la santé.

Sources : INVOLCAN, IGNspain, Copernicus
Ludovic Leduc, pour Objectif Volcans

 

https://youtu.be/jISuYKxWark

 

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