Il aurait 100 ans cette année. Né il y a pile un siècle à Varsovie, et mort en 1998, Haroun Tazieff a profondément marqué l’histoire de la volcanologie ; personnage au caractère trempé, il a été l’un des premiers à vouloir rapprocher grand public et volcans, et a mené de nombreuses expéditions sur les volcans actifs du globe. Au cours de sa longue carrière, il aura travaillé sur le rôle des gaz dans les dynamismes éruptifs, sur la présence d’eau dans les magmas, sur le volcanisme sous-marin, sur les techniques de mesure des variations de champ magnétique en liaison avec l’activité éruptive, sur la dérive des continents, sur les échanges de masse et d’énergie entre les appareils volcaniques de l’atmosphère.
Fils d’un prince tatar mort au front l’année même de sa naissance et d’une mère chimiste et docteur en sciences politiques, Haroun Tazieff quitte son pays pour la Belgique dès 1921. Il obtient en 1938 un diplôme d’ingénieur agronome, et continue ses études de géologie et de minéralogie à Liège pendant la guerre. Il est envoyé après la guerre comme prospecteur minier au Katanga, et sa rencontre avec le volcan Kituro marquera un tournant dans sa vie. Fasciné par le spectacle qui s’offre à ses yeux, le jeune ingénieur décide alors de consacrer sa vie à l’étude et à la découverte des volcans du globe.
En 1951, il rencontre le physicien Jacques Labeyrie, avec lequel il développera la recherche en volcanologie au CNRS et en 1952, il explore les fonds marins de la Mer Rouge avec le commandant Cousteau. Lors de cette première expédition de la Calypso, le volcanologue mettra en avant la faille axiale du fossé d’effondrement de la Mer Rouge. En 1957, il se rend aux Açores, où il observe le dynamisme particulier du volcanisme sous-marin. En 67 et 68, il met en évidence l’effondrement de la chaîne des volcans de l’Erta Ale, en Ethiopie, validant ainsi la théorie de la dérive des continents ; la dépression de l’Afar est en effet un océan en formation. En 1976, l’équipe de Tazieff observe pour la première fois, sur le volcan de la Soufrière, une éruption phréatique, caractérisée par l’absence de magma frais dans le matériel expulsé.
Haroun Tazieff a toujours cherché à rassembler des équipes pluridisciplinaires lors de ses expéditions. Il finit par obtenir, dans les années 1970, le soutien du Commissariat à l’Energie Atomique. Il est naturalisé français en 1971, deux ans après avoir intégré le CNRS comme maître de recherches.
Il devient maire de Mirmande en 1979 et s’engage dans la campagne présidentielle de François Mitterand. En 1981, il est nommé commissaire à l’étude et à la prévention des catastrophes naturelles. De 1984 à 1986, il est secrétaire d’état à la prévention des risques technologiques et naturels majeurs. Néanmoins, il est déçu par les promesses non tenues des politiques socialistes en terme de prévention des risques ; il rejoint alors Alain Carignon, qui lui permet de faire de l’Isère un département pilote en la matière. En 1992, il devient conseiller général en Rhône-Alpes.
A sa mort en 1998, il laisse une quantité d’ouvrages scientifiques grand public, de nombreux résumés de conférences, des courts-métrages et une centaine de publications scientifiques de haut niveau. Diverses manifestations sont organisées en 2014 en l’honneur du centenaire de sa naissance. On notera la sortie d’une biographie écrite par son fils, Frédéric Lavachery, « Un volcan nommé Tazieff », aux éditions Archipel.